Plus qu'une mission purement scientifique, le périple de 507 jours se veut une expérience humaine de contact et de sensibilisation sur les questions de l'environnement. Invité inhabituel mais fort apprécié, jeudi, au port d'Alger : la célèbre goélette océanographique Tara Océans qui a accosté pour deux jours en guise de 3e escale depuis son départ le 5 septembre dernier de Lorient en Bretagne. Il s'agit en fait d'une mission scientifique qui regroupe des chercheurs de plusieurs nationalités, embarqués dans une aventure aussi bien scientifique qu'humaine puisque chaque escale signifie aussi le contact avec les gens et la sensibilisation sur les questions de l'environnement. Rencontrés au port d'Alger avec tout le reste de l'équipage, Romain Troublé, directeur des opérations, Eric Karsenti, codirecteur de la mission et chercheur au CNRS et à l'EMBL (Allemagne) ainsi que Hervé Bourmaud, capitaine du bateau parlent avec beaucoup de passion de ce périple qu'ils vont effectuer durant 507 jours (trois ans) pour explorer toutes les mers du globe. Rien que pour la première année, pas moins de 34 pays seront parcourus au terme de rotations fréquentes (50 pays seront visités au total avec des milliers de prélèvements). “Le bateau navigue avec 15 personnes à bord dont 5 scientifiques qui demeurent 1 mois sur le bateau et les marins 3 mois. Mais nous nous arrêtons à peu près toutes les semaines”, nous a indiqué le capitaine lors de notre visite à bord de Tara Océans. “Il s'agit d'un projet mondial qui regroupe 150 scientifiques américains, canadiens, de plusieurs pays européens et des australiens. Le financement de cette mission est public-privé (plusieurs universités, des fondations) mais provient aussi de mécènes dont la célèbre créatrice de mode Agnès B. qui apporte un grand soutien”, a déclaré pour sa part le directeur des opérations avant de céder la parole à Karsenti pour expliquer l'aspect scientifique de cette odyssée. “Le bateau est équipé de tout le matériel adéquat pour faire l'échantillonnage ; c'est une véritable plateforme. Aussi, la mission permettra une vision globale de données scientifiques de la vie océanique et de son rôle dans les grands équilibres climatiques de notre planète. Elle étudiera les écosystèmes planctoniques au niveau global, sur tous les océans de la planète, et surtout essaiera de comprendre comment ces écosystèmes réagissent aux changements de l'environnement océanique : température, salinité, pollution et autres paramètres.” Karsenti, qui n'a pas manqué à l'occasion d'avertir de la menace des équilibres climatiques, fera ressortir le côté exceptionnel de cette mission dont les résultats serviront de référence qui jusque-là n'existait pas de manière précise. À noter que l'équipage a été accueilli à son arrivée au port d'Alger par des responsables du ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, ceux de l'ambassade de France et Mehdi Benaïssa, cinéaste et scientifique qui a œuvré pour que cette mission passe par Alger alors qu'initialement cette escale n'était pas du tout prévue. Nabila Saidoun