Jeudi 25 septembre, le port d'Alger accueillera le navire d'expédition scientifique Tara qui effectue à travers les mers de la planète une recherche océanographique de trois ans (2009-2012) avec une soixantaine d'escales au programme. C'est aux efforts d'un passionné de la vulgarisation scientifique que l'on doit cette escale algéroise : Mehdi Benaïssa, cinéaste et scientifique. « J'ai rencontré il y a quelques mois à Alger des membres de l'équipage scientifique de cette expédition au Centre culturel français et je les ai convaincus de l'importance d'une escale à Alger. Je voulais absolument que les étudiants de ENSSMAL (Ex-ISMAL), et plus généralement le public algérien, aient la chance de rencontrer ces scientifiques sur leur voilier et suivre leurs travaux », s'enthousiasme Benaïssa qui, dans la foulée, prépare les journées du film scientifique et de l'environnement à Alger du 24 au 29 novembre à la salle Ibn Zeydoun (OREF) et au cinéma ABC au centre-ville (*). Le ministère de l'Environnement a été aussi sensibilisé et une visite du staff de Cherif Rahmani est également prévue à bord de Tara. « Le but de cette expédition mondiale est de comparer, à vingt ans d'intervalle, les données prélevées dans les mers et océans du globe », explique Benaïssa. L'approche devrait permettre de déterminer la structure des écosystèmes du plancton qui peuplent les océans, lit-on dans la présentation du projet qui rassemble une centaine de scientifiques. « Nous découvrirons probablement quels sont les liens qui unissent les virus, bactéries, protistes et les petits métazoaires dans différents environnements marins. Les océans constituant un système communicant et ouvert, on pourrait penser que tous les organismes sont partout », explique-t-on encore. Les microorganismes marins, très sensibles aux changements écologiques, servent également d'indices sur la vulnérabilité des milieux naturels. « Les océans recouvrent les 2/3 de notre planète, ils abritent en effet d'immenses prairies. Ces prairies de plancton et d'autres microorganismes constituent, par leur activité photosynthétique, une immense pompe à oxygène. Mais ces organismes marins sont aussi un important puits à gaz carbonique. Ils absorbent ainsi plus de la moitié du CO2 produit sur Terre. Pour ces raisons, notre futur dépend de la sauvegarde des océans », indique la présentation du projet Tara soutenu par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). « Cette vie marine est aujourd'hui menacée par les bouleversements écologiques majeurs que nous connaissons, le réchauffement climatique et la pollution. Les océans se réchauffent, des régions entières se raréfient en oxygène limitant la régénération de la vie. Une réaction en chaîne est amorcée… », avertissent les scientifiques. L'un des objectifs principaux de l'expédition, selon Eric Karsenti, co-directeur de Tara Oceans, est de recueillir des données quantitatives sur la composition en organismes des écosystèmes pélagiques (en haute mer) dans le monde entier, ce qui ouvrira la voie à la construction de modèles mathématiques de l'évolution de ces écosystèmes en fonction des changements environnementaux. L'expédition a entamé son périple le 5 septembre depuis le port français de Lorient et y retournera en 2012 après trois ans et 150 000 km de tour du monde. Pour suivre les étapes de l'aventure de l'équipe internationale de scientifiques à bord, branchez-vous sur http://oceans.taraexpeditions.org. Bon vent ! (*) Contact : [email protected]