La France a officiellement annoncé hier la création d'une fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie, prévue par une loi de 2005 mais restée lettre morte depuis, ainsi qu'une série de mesures en faveur des harkis. “La Fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie est en train d'être créée, c'est un point positif”, a déclaré le secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens combattants Hubert Falco à l'occasion de la Journée nationale d'hommage aux harkis. Plusieurs associations — le Souvenir français, les Gueules-Cassées et la Fédération nationale André-Maginot — contribueront financièrement à cette fondation, tout comme l'Etat. Elle sera ainsi dotée d'un budget initial de plus de 7 millions d'euros, selon M. Falco. Selon ses services, la fondation aura pour mission de “construire une mémoire historique commune” en s'appuyant sur des “travaux historiques sérieux”. La création de cette fondation, voulue par l'ancien président Jacques Chirac, était inscrite dans la loi du 23 février 2005, “portant reconnaissance de la nation et la contribution nationale en faveur des Français rapatriés”. La promulgation du texte dont un article, par la suite abrogé à l'initiative de Jacques Chirac, mentionnait “le rôle positif” de la colonisation, avait jeté un froid dans les relations franco-algériennes. L'Algérie demande à la France de reconnaître les “crimes” commis durant les 132 ans de la colonisation mais le président Nicolas Sarkozy refuse toute idée de “repentance”, estimant qu'il s'agissait d'une forme de “haine de soi” et de “dénigrement de son pays”. Par ailleurs, M. Falco a annoncé des mesures en faveur des harkis, soulignant qu'au-delà de la reconnaissance “morale” de la nation, celle-ci leur devait une reconnaissance “concrète, c'est-à-dire sociale et économique”. Les harkis furent les supplétifs algériens de l'armée française pendant la guerre d'Algérie (1954/62). Ils forment aujourd'hui une communauté, descendants compris, de quelque 400 000 personnes.