Le verdict du tribunal de grande instance de Paris dans l'affaire opposant Jean-Baptiste Rivoire, reporter à Canal+, à la compagne du collaborateur du Figaro Magazine, Didier Contant, sera connu le 26 novembre prochain. Quelques années après le dépôt d'une plainte de l'écrivaine Rina Sherman, qui s'est constituée partie civile, le juge d'instruction, Patrick Ramaël, a retenu la thèse de l'implication de Rivoire dans le décès de l'ancien rédacteur en chef de Gamma et a ordonné le 5 février dernier, le renvoi de l'affaire devant le tribunal de grande instance à Paris. Un imprévu : les enfants de Contant se sont constitués également partie civile la veille de l'audience publique qui a eu lieu jeudi dernier. Le procès a été marqué par l'intervention de Rina Sherman qui a demandé à ce que justice soit rendue. Accusée par Jean-Baptiste Rivoire d'avoir mené une campagne médiatique et judiciaire acharnée contre lui, elle réplique devant le juge qu'“elle n'a sollicité aucun journal”, et qu'elle a uniquement envoyé aux rédactions algériennes, notamment des communiqués de presse. Preuve en est, soutient-elle, “en France il n'y a aucune information sur cette affaire.” Contactée par téléphone, hier, Rina Sherman confie que “l'avocat de Rivoire m'a présentée avant et durant ce procès comme une fanatique, une hystérique qui fait de l'affaire de Didier Contant un fonds de commerce. Rien n'est plus loin de la vérité. J'ai porté plainte, il y a cinq ans et la procédure judiciaire qui comprend l'instruction a été longue. Ce qui est normal. J'aurais aimé que cela prenne moins de temps. C'est une véritable torture, y compris pour moi.” Elle pense que le juge, qui a présidé l'audience de jeudi, “connaît bien le dossier et a bien fait son travail.” “Le juge a posé plusieurs fois la question à Rivoire insistant pour savoir qu'est-ce qui lui fait dire que Didier est un double barbouze des services algériens et français. Il niait, mentait ou répondait à côté. “Laissons la justice faire son travail.” Au cœur du procès de jeudi, un e-mail envoyé par Rivoire à Jean-Marie Montelli du Figaro Magazine dans lequel, il lui disait que Contant a collaboré avec les services algériens comme témoin à charge contre Abdelkader Tigha. Sur quelle base a-t-il apporté ces affirmations. Non seulement Jean-Baptiste Rivoire, selon des témoins présents au procès, n'apporte aucune réponse à cette question, mais pis son avocat a versé ce texte à son dossier. Le collaborateur de Figaro Magazine s'est jeté du balcon de l'appartement de l'une de ses connaissances après, selon Rina Sherman, avoir subi des pressions de la part du clan de “qui-tue-qui”. Didier Contant était, soutient-elle, dans son livre la Huitième mort de Tibhirine, très affecté par le refus du Figaro Magazine de publier la suite de son enquête, après avoir été approché par Rivoire. Jean-Baptiste Rivoire et Didier Contant enquêtaient tous les deux, en 1996, sur la mort tragique des trappistes de Tibhirine. Le travail de Contant démentait les accusations de l'ex-officier des services secrets algériens Abdelkader Tigha. Selon la version de ce dernier, les trappistes ont été kidnappés par un “émir” du GIA, sous instigation des services algériens. Version rapportée et défendue par Rivoire. Seulement Contant avait retrouvé un témoin enlevé en même temps que les moines, qui a réussi à fuir ses ravisseurs. Ce dernier est formel : le rapt des religieux a bien été commis par le GIA. Ce qu'il faut retenir également de ce procès, c'est que c'est la première fois qu'un journaliste français est devant le tribunal correctionnel pour des propos qu'il a tenus ou rapportés dans ses écrits.