Au moment où le dossier nucléaire iranien fait l'actualité, l'Agence internationale de l'énergie atomique révèle dans une analyse secrète dévoilée hier par le New York Times que l'Iran a acquis “suffisamment de connaissances pour pouvoir élaborer et fabriquer” une bombe atomique “fonctionnelle”. Bien qu'il insiste dans son préambule sur le caractère provisoire de ses conclusions, subordonnées à des confirmations complémentaires des indices, présentés comme provenant de services de renseignement et de la propre enquête de l'agence, le rapport secret de l'AIEA portant le titre de “Dimensions militaires possibles du programme nucléaire iranien”, affirme toutefois que l'Iran en sait assez pour fabriquer une bombe atomique “fonctionnelle”. À en croire le New York Times, qui cite des responsables européens non identifiés, ce rapport va au-delà des positions publiques prises par plusieurs Etats, dont les Etats-Unis. Le document a été rédigé sur la base de consultations avec une série d'experts internes et externes à l'agence, indique la même source. Les auteurs du rapport décrivent un programme complexe, qui a débuté en 2002 et dirigé par le ministre iranien de la Défense, “visant au développement d'une charge nucléaire transportable via le système de missiles Shahab 3”, capables d'atteindre le Proche-Orient et certaines parties de l'Europe, selon le journal. Il est également précisé que si l'Iran parvient réellement à élaborer une tête nucléaire, cela ne représentera qu'une partie du processus complexe de fabrication d'une arme nucléaire. Ce document laisse perplexe, quant on sait que dans son dernier rapport publié fin août dernier, l'AIEA n'arrive toujours pas à trancher entre une éventuelle volonté iranienne de se doter d'une bombe atomique, ce dont l'accusent les pays occidentaux, ou celle de se limiter à la production d'électricité, comme l'affirme Téhéran. D'ailleurs, nombre de capitales occidentales ne se sont pas empêchées de critiquer l'Agence, à l'instar de Paris, qui est allé jusqu'à l'accuser d'avoir dissimulé des documents susceptibles de prouver le caractère militaire des projets nucléaires iraniens, ce que l'AIEA a récusé. Ceci étant, le premier responsable de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed El Baradei, poursuivait hier sa visite à Téhéran où il doit discuter avec le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Ali Akbar Salehi, et d'autres responsables iraniens du nucléaire. L'objet principal de sa visite est d'évoquer “la façon dont les inspecteurs de l'ONU pourront visiter l'usine de Qom et d'autres installations du programme nucléaire et de discuter de l'approfondissement de la coopération”, rapporte l'agence de presse Irna, en évoquant le centre d'enrichissement en construction près de Qom. Cette visite intervient deux jours après la relance, à Genève, des négociations entre l'Iran et les grandes puissances occidentales. Pour rappel, à Genève, les Iraniens avaient accepté que les experts de l'AIEA se rendent d'ici deux semaines sur le chantier. Les parties à Genève se sont également mises d'accord sur le principe d'un enrichissement à l'extérieur de l'Iran de l'uranium faiblement enrichi au préalable dans les centrifugeuses iraniennes.