Si des sanctions doivent être prises, elles doivent être bien vérifiées et ne pas affecter la population civile de l'Iran. L'adoption éventuelle de nouvelles sanctions contre l'Iran ne doit en aucun cas ouvrir la voie à de futures actions militaires contre ce pays, a estimé hier le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Toute décision de sanctions que le Conseil de sécurité de l'ONU pourrait éventuellement prendre à l'encontre de Téhéran « doit clairement indiquer qu'elles ne peuvent pas être utilisées comme argument pour l'utilisation de la force » contre l'Iran, a souligné Lavrov dans des déclarations à la chaîne de télévision TV-Center. « Les efforts visant à faire revenir les parties à la table de négociations se poursuivent », a-t-il rappelé, estimant qu'« il y a encore des chances pour que ces efforts aboutissent ». « Cependant, s'il s'avérera nécessaire d'aborder cette question au Conseil de sécurité, nous serons disposés à discuter uniquement de sanctions ‘‘intelligentes'' comme l'a souligné notre président », Dmitri Medvedev, a-t-il fait observer. Si des sanctions doivent être prises, elles « doivent être bien vérifiées et ne pas affecter la population civile de l'Iran », avait souligné samedi le chef d'Etat russe dans un message aux participants au sommet de la Ligue arabe de Syrte en Libye. Evoquant d'un autre côté l'attitude de l'Iran, Lavrov a estimé que ce pays doit répondre positivement aux appels de la communauté internationale et coopérer davantage avec l'Organisation internationale de l'énergie atomique (AIEA). Selon lui, « le problème est que l'Iran ne coopère pas pleinement avec l'AIEA ». « En ce qui concerne la coopération avec les inspecteurs de l'AIEA, oui, nous voulons plus de l'Iran, car les experts de l'AIEA ont encore plusieurs questions sensibles qui demeurent sans réponses. Ces réponses sont nécessaires pour s'assurer du caractère pacifique du programme nucléaire de l'Iran », a-t-il ajouté. Ceci dit, des inspecteurs de l'ONU ainsi que des services de renseignement occidentaux estiment par ailleurs que l'Iran pourrait construire au moins deux nouveaux sites nucléaires secrets malgré la menace de nouvelles sanctions internationales, a rapporté samedi soir le New York Times. Le journal affirme que ces suspicions proviennent de récentes déclarations d'un important responsable iranien. Selon le New York Times, Ali Akbar Salehi, chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, a indiqué, dans une interview à l'agence de presse Irna, que le président Mahmoud Ahmadinejad lui avait ordonné de se mettre à travailler prochainement sur deux nouveaux sites. Ces sites, avait ajouté Ali Akbar Salehi, « seront construits dans les montagnes » pour les protéger d'éventuelles attaques, selon le quotidien. « Si Dieu le veut », avait encore précisé Salehi, « le début de la construction de sites d'enrichissement pourrait commencer lors de la nouvelle année iranienne (qui a débuté le 21 mars) ». En septembre 2009, le président américain, Barack Obama, avait révélé avoir des preuves de l'existence d'un site nucléaire secret à Qom. Toujours selon le quotidien, des responsables américains examinent actuellement des photos satellites tendant à prouver l'existence d'un certain nombre de sites nucléaires suspects en Iran. Toutefois, poursuit le New York Times, ces responsables n'ont pas acquis la preuve que l'Iran prévoyait d'utiliser les nouveaux sites pour produire du combustible nucléaire et ne sont pas certains du nombre de sites que Téhéran pourrait construire. Ces mêmes responsables américains jugent enfin, selon le journal, que même s'ils étaient construits, cela ne changerait rien aux estimations et qu'il faudra à l'Iran un à quatre ans avant d'être capable de fabriquer une arme nucléaire. Le Conseil de sécurité de l'ONU a déjà adopté cinq résolutions, dont trois assorties de sanctions, pour exiger de l'Iran qu'il suspende ses activités nucléaires sensibles, notamment l'enrichissement de l'uranium. Téhéran, qui affirme que son programme nucléaire est purement pacifique, les a toutes ignorées.