Au-delà de la polémique sur le changement du lieu de la tenue de la Foire du livre, des éditeurs contactés par nos soins souhaitent la bonne marche de cette manifestation. Editions Dalimen Mme Dalila Nadjem : “Cette année, l'organisation sera à la hauteur” “Vous êtes la première personne à demander mon avis et je vous en remercie. Depuis l'annonce de la délocalisation, je vous avoue sincèrement que je n'y ai vu que du positif. Etant sous l'égide du ministère de la Culture et au vu de toutes les éditions précédentes, sauf celle de l'année dernière qui fut quelque peu améliorée, je suis convaincue que cette année, l'organisation sera à la hauteur de l'événement qu'est le Salon du livre. Ce salon draine un public très important. Dans d'autres pays, les salons du livre se font aisément et sans problème sous un chapiteau. Cela ne doit pas être considéré comme une lacune, bien au contraire. Ensuite, les conditions d'accès seront plus aisées pour le public. La proximité de l'endroit va permettre à beaucoup de monde de s'y rendre. Je pense aux personnes ne disposant pas de véhicules ; cela est un aspect très positif. Les conditions d'hygiène seront respectées, et le commissariat a donné toutes les garanties nécessaires quant à l'espace douane, banque et autres pour assurer cet événement. Et le chapiteau, pourquoi pas !” Directeur des éditions Alpha, directeur des éditions Lazhari Labter : “Nous regrettons seulement que les éditeurs n'aient pas été associés” “Le ministère de la Culture, institution de l'Etat algérien, est souverain dans ses décisions. Ce n'est pas le lieu qui compte, mais les conditions matérielles mises en place pour cela. Je continue à dire que le lieu naturel pour un salon du livre ou tout autre salon d'envergure nationale est le Palais des expositions dont c'est la raison d'être. Les stades sont faits pour le sport et les palais pour les expositions. Je pense que la décision a été prise dans la précipitation le 8 septembre, autrement dit à un peu plus d'un mois et demi du plus grand rendez-vous culturel de notre pays. “Par manque de temps”, a déclaré le 5 octobre, sur la radio El Bahdja, Smaïn Ameziane, commissaire du salon. Je trouve que c'est un peu léger comme argument. On peut trouver mieux. Dans tous les pays du monde, un salon de cette importance est préparé au moins un an à l'avance. Pour le savoir, il suffit de jeter un coup d'œil sur les salons étrangers de 2010 (Paris, Genève, Québec, etc.). J'espère que ce changement, qui induit une perte de surface de 7 000 m2 par rapport à la Safex, ne se répercutera pas négativement sur les espaces demandés par les maisons d'édition en les rétrécissant. Cela pourrait bouleverser toute leur organisation préparée sur la base des surfaces demandées en juillet. Nous regrettons seulement que les éditeurs, comme par le passé, n'aient pas été associés au comité d'organisation à travers leurs syndicats. Cela aurait, j'en suis persuadé, évité toute cette polémique, ces accusations graves proférées contre des organisations d'éditeurs, ces procès d'intention et cette atteinte abjecte à la vie privée d'une présidente de syndicat par un quotidien qui a fait de la boue son fonds de commerce. Mais quelles que soient les conditions nouvelles, nous ferons tout, comme on l'a toujours fait, pour que cette 14e édition soit une réussite pour notre pays, car il passe avant tout, comme l'avait si bien dit feu le président Mohamed Boudiaf.” Editions Ikhtilef Bachir Mefti : “Il faut qu'on apprenne à respecter l'avis de l'autre” “Nous pensons qu'il aurait fallu discuter de cette situation avec tous les professionnels dans l'édition et du livre, et ne pas faire les choses de manière individuelle, et comme si on était retourné à l'ère du parti unique et de culture de décisions qui sont imposées d'en haut. On décide de là-haut et tout le monde doit s'exécuter. Mais ce qui m'étonne personnellement, c'est que les personnes qui ont contesté cette décision ont été accusées d'avoir des “intérêts”. Bien évidemment, nous faisons tous du commerce après tout et le commissaire du festival est éditeur également, ce n'est donc pas une personne neutre. Donc, lui aussi a des intérêts que nous ignorons. Nous sommes des intellectuels et chacun d'entre nous défend ses intérêts, mais il aurait fallu qu'il y ait débat et chacun présente ses arguments. C'est cela le dialogue qu'il faut dans ce genre de cas. Mais à présent que les jeux sont faits, je pense que Ikhtilef prendra part au salon parce que nous avons des lecteurs qui se déplacent pour nous de toutes les régions du pays. Mais il faut qu'on apprenne à respecter l'avis de l'autre, sans l'accuser pour autant de hors-la-loi et sans essayer d'amoindrir et de réduire de son importance, ni même toucher à sa crédibilité. Cette méthode est très archaïque et ne fonctionne plus de nos jours. Malgré cela, j'espère que le Sila réussira, car si ça ne marche pas, cela aura un très mauvais impact sur le mouvement du livre en Algérie.” Editions Anep Ahmed Boucenna : “Nous souhaitons que le salon soit une réussite” “Nous souhaitons que la Salon du livre réussisse. Nous, nous participerons au salon là où les organisateurs décident de l'organiser.” Editions Apic Karim Chikh : “Pourquoi autant de bruit sur une délocalisation” “Il aurait fallu peut-être inverser la question et se demander en quoi la délocalisation dérangerait ? Du moment où le ministère de la Culture a récupéré l'organisation du Sila (jadis organisé collégialement par l'Anep pour la communication, le Snel pour le volet édition et la Safex pour le lieu), qu'il a désigné pour ce faire un commissaire, chargé lui-même de constituer une équipe de travail qu'il voit nécessaire pour le bon déroulement de la manifestation, et donc une lourde responsabilité qu'il doit assumer. Et en laquelle nous jugerons après si c'était une bonne ou une mauvaise décision de délocaliser. Du moment que la décision de la délocalisation de la Safex à l'espace du stade du 5-Juillet a été prise, et apparemment définitive, certainement pour des raisons techniques de type organisationnel, pourquoi autant de bruit sur une question qui me semble, en tant qu'éditeur, sans grand intérêt. Ce qui m'importe par conséquent, c'est le bon déroulement de la manifestation en elle-même, et sur tous les points : des infrastructures adéquates (parking, salle d'eau, restauration, etc.), des éditeurs exposants nationaux et internationaux de qualité, une animation culturelle de niveau, la présence des écrivains et en masse, des lecteurs et des rencontres qui marquent. En bref, une fête autour du livre. Pour le lieu, que cette fête se fasse à la Safex, au 5-Juillet ou même à la place Audin, et pourquoi pas un jour, cela ne me dérange nullement du moment où toutes les conditions sont réunies pour la faire, cette fête. Le bouleversement des traditions fait toujours peur dans notre pays. Mais, il est peut-être temps d'oublier ses angoisses vis-à-vis des changements. Le 5 Octobre 1988 a pourtant changé des choses.”