Parce que le mari vient, de manière récurrente, en tête des statistiques concernant les femmes battues, le centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfant et de la femme demande à ce qu'une disposition soit ajoutée dans le code pénal pour condamner les auteurs de ce genre d'actes et combler ainsi le vide juridique qui existe dans ce domaine. “Des dispositions générales existent. On parle de coups et blessures, mais sans distinction de sexe. Ce qu'il faut, c'est ajouter un alinéa spécifique au mari violent pour que ce dernier réfléchisse à cent fois avant de lever la main sur sa femme”, déclare Nadia Aït Zaï, avocate et présidente du Ciddef. En effet, cette structure organise, aujourd'hui, à l'Institut national de santé publique, une rencontre sur les premiers résultats de la base de données du réseau Balsam comprenant 8 centres d'écoute des femmes violentées répartis à travers le territoire national. L'opération a été lancée il y a 6 mois et s'est soldée par la récolte de 250 questionnaires dont le compte rendu confirme la prédominance du schéma classique. En l'occurrence, la violence conjugale. Selon les différents témoignages, les femmes subissent les coups du conjoint, surtout après une dispute avec la belle-mère ou la belle-sœur. Ces questionnaires répercutés au niveau du Ciddef constitueront une base de données et un support à la nouvelle politique de prise en charge de femmes violentées sur laquelle travaille déjà le ministère délégué chargé de la Famille qui a initié un projet similaire de récolte de l'information sur le terrain, plus global, basé sur l'apport de plusieurs parties : le mouvement associatif, bien sûr, et les données des secteurs de la santé, de la justice, gendarmerie, Protection civile, police… Annoncée en grande pompe, chaque année, la politique gouvernementale n'arrive pas à prendre une forme concrète. On en est encore à l'élaboration d'un plan de sensibilisation et de communication pour la lutte contre la violence à l'égard des femmes laquelle violence prend régulièrement davantage d'ampleur. La solution est, peut-être, dans la proposition du Ciddef qui rejoint dans son essence celle du président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme qui préconise, pour sa part, une législation plus sévère vis-à-vis de l'acte de violence envers la femme, assortie d'une circonstance aggravante et l'inclusion d'une loi permettant le déclenchement d'une procédure judiciaire sur le simple témoignage du voisinage. Il s'agit donc d'instaurer des dispositions légales et pénales, suivies d'une application stricte pour que le mari ne puisse plus prétendre à avoir le droit de vie ou de mort sur son épouse. C'est une idée qui fait son chemin mais qui, malheureusement, n'a pas encore eu l'aval de l'Exécutif.