Qu'est-ce qui a motivé votre choix de définir cette cause de la lutte contre les violences faites aux femmes ? C'est un thème d'actualité, un thème récurrent, qu'on évoque toute l'année, notamment au regard de la stratégie nationale sur la violence qui a été élaboré par le ministère de la Condition féminine où l'on s'est mis à dénoncer la violence, aujourd'hui connue de tous. Cette rencontre est aussi un moyen pour interpeler les femmes sur la formation, la connaissance de ce genre de violence dont il faut parler pour trouver ensemble des solutions. Les violences contre les femmes, sont-elles liées au facteur social, financier ou encore à d'autres éléments moins visibles ? Y a-t-il une typologie de la femme battue ? Il n'y a pas de typologie d'une femme battue. Quelle que soit la classe sociale, intellectuelles, travailleuses ou femmes au foyer, elles sont toutes victimes de la violence. Des études ainsi qu'un sondage effectués en 2008 par le CIDDEF, nous ont prouvés que 75% des femmes sont victimes de violences conjugales. Sur 2000 personnes à l'échelle nationale, soit 750.000 femmes témoignent de violences conjugales. Les causes sont nombreuses. Pour moi, ce ne sont pas des facteurs sociaux, financiers ou autres. Les seules causes sont liées au regard étriqué porté sur la femme. Un regard d'une femme soumise, d'une femme inactive, qui n'a pas le droit à la parole, à la réflexion… En clair, une femme dépourvue de ses droits. Quelles solutions proposez-vous pour enrayer ce phénomène ? Il est impérativement nécessaire de faire sortir de l'ombre ce phénomène. C'est-à-dire, le prendre en charge sur les plans social et juridique. Côté juridique, il existe un article du code pénal qui condamne les auteurs de coups et blessures. Nous avons, par ailleurs, mis en place un réseau de centre d'écoute «Balsam», créé il y a deux ans. La création de ce réseau a pour objectif l'amélioration et la promotion de la prise en charge des femmes victimes de violence et leur suivi sanitaire et psychologique, pour leur réinsertion dans la vie sociale. On interpelle également la société civile à intensifier ses efforts pour une meilleure prise en charge ainsi que la nécessité d'informer la femme sur les textes juridiques et des législations qui la protègent des différentes formes de discrimination, notamment de la violence. On requête qu'il y ait un article dans le code pénal qui spécifie ces violences faites aux femmes et il faut condamner le mari, auteur des violences conjugales. Des projets dans ce sens ? Nous sommes en train de renforcer les capacités des centres d'écoute. Ces cellules sont d'une grande utilité étant donné qu'elles accompagnent ces femmes violentées. Cette démarche permet la création de base de données sur le phénomène des violence exercées à l'égard de la femme à tous les niveaux et l'échange d'informations et d'expériences. Il existe plusieurs supports médiatiques (articles de presse, publicité, rencontres, films) qui ont traité de ce phénomène. Pourquoi avoir sélectionné le film de Sid Ali Mazif ? Cette projection permet aux femmes qui ont témoigné de le découvrir sur écran pour la première fois. Il n'a été projeté qu'une seule fois, en 2007, à Riad El Feth lors de la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe». Sid Ali Mazif a su traiter ce phénomène. Je regrette que cette production ne soit pas distribuée à la télévision et dans des salles de cinéma pour en faire profiter le large public.