Tout en se déclarant, comme les autres associations féminines, pour la révision constitutionnelle dans son volet consacré aux femmes, la présidente du Ciddef se demande si l'amendement en question va consacrer le système des quotas et regrette que l'accès aux hautes fonctions politiques ne soit pas évoqué. Huit organisations féminines se sont prononcées en faveur de la révision constitutionnelle. Il s'agit du Centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfant et la femme, de l'Association Rachda, El-Manar, Flambeau de la femme, de l'Association Promotion de la femme, Saâda, Iqrâa et Ansedi. Les sept dernières l'ont fait à travers un communiqué commun transmis à notre rédaction dans lequel on peut lire : “Cette mesure constitutionnelle en faveur des femmes est historique parce qu'elle ouvre des perspectives nouvelles pleines d'espoir et de dignité pour nos filles et nos petites-filles qui auront le moyen légal d'exiger une place plus juste dans les institutions du pays, parce qu'elle place l'avenir de notre société dans la modernité réelle et non politicienne, et parce qu'il fallait le courage politique de prendre cette mesure que seule la plus haute autorité du pays peut prendre en introduisant dans la constitution, qui est la loi des lois, une disposition nouvelle consacrée à la promotion des droits politiques de la femme et à l'élargissement de sa représentation dans les assemblées élues, à tous les niveaux.” Les sept associations en question estiment que les amendements apportés au code de la famille et au code de la nationalité ont déjà “contribué à rétablir l'égalité des droits en faveur des femmes” et que l'amendement de la Constitution répond au “souci de justice au sein de la société, celui de la cohabitation des droits des femmes et hommes” en plus d'être “l'expression de la reconnaissance du rôle joué par les Algériennes dans la défense du pays, chaque fois que l'histoire l'a exigé, notamment pendant la glorieuse guerre de Libération nationale et leur formidable résistance contre le terrorisme”. Mme Nadia Aït Zaï directrice du Centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfant et la femme, tout en se disant en phase avec cette décision s'interroge sur le contenu de cet amendement. “Est-ce qu'il va instaurer le système de quotas. Ce n'est pas très clair”, nous déclare-t-elle, ajoutant que “le système de quotas doit être une mesure temporaire pour arriver à la parité en finale”. Cette juriste de formation aurait souhaité, toutefois, qu'on parle également de “l'égal accès aux fonctions politiques, puisque la Constitution consacre la valeur de l'égalité”. Car pense-t-elle, en Algérie, comme dans de nombreux pays maghrébins, plus on se rapproche du centre de décision politique, plus les femmes sont marginalisées. Il y a un quasi-monopole masculin en matière de direction politique. Aucune femme ne figure, en effet, dans le staff des neuf premiers gouvernements. Ce n'est qu'en 1984, qu'une femme est nommée à la tête d'un ministère. Il a fallu attendre le 26e Exécutif, celui de juin 2002, pour voir désigner 5 femmes dans l'effectif gouvernemental, une uniquement sera ministre, les quatre autres seront ministres délégués. Ce chiffre a même régressé en 2006. Le gouvernement actuel est constitué d'une femme ministre et deux ministres délégués. “Je dis que les femmes, si elles le veulent, peuvent investir le champ politique. Mais il faut aussi que les partis politiques jouent le jeu, car ce sont eux, le vecteur”, soutient la directrice du Centre d'information et de documentation de l'enfant et la femme qui ne croit pas aux arguments des formations politiques relatifs au manque de femmes compétentes. “Il faut aller les chercher dans le mouvement associatif et les rangs des sympathisants”, leur conseille-t-elle. ll faut savoir que les chiffres relatifs aux candidatures pour les cinq dernières élections législatives donnent un total de 19 152 candidatures hommes contre 1 157 candidatures femmes, soit une moyenne de 5,5%. N. H.