Les grévistes ont rejoint un mouvement de protestation initié dimanche dernier par des codétenus irakiens. Des Algériens se trouvant à Brook House, un centre de rétention d'immigrés clandestins près de l'aéroport de Gatwick, à Londres, sont en grève de la faim. Ils ont rejoint un mouvement de protestation initié dimanche dernier par des codétenus irakiens. D'autres pensionnaires, d'origine afghane, nigériane et jamaïcaine, prennent également part à cette action. La grève de la faim est intervenue le jour- même où un avion transportant des sans-papiers irakiens a été refoulé de Bagdad. Les autorités irakiennes ayant refusé d'admettre sur leur territoire des compatriotes présumés, mais dont ils n'ont pas pu établir l'identité exacte. De retour dans leurs cellules à Brook House, les concernés ont décidé d'entrer en grève. Aussitôt, le mouvement a fait tache. Les pensionnaires dénoncent les conditions de leur détention. Dans une déclaration transmise à la télévision britannique BBC, ils qualifient les centres de rétention de prisons où leur séjour est prolongé au-delà des délais légaux. Une quinzaine d'établissements de ce genre est implantée à travers le Royaume-Uni. Des centaines de pensionnaires y transitent avant leur expulsion du pays. On y trouve des individus, mais également des familles. Un rapport publié il y a une semaine par Lancet, une célèbre revue médicale britannique, évoque en des termes très critiques le destin de 2 000 enfants enfermés avec leurs parents dans ces établissements, où certains ont succombé de dépression. Le sort des adultes n'est pas plus enviable. Régime carcéral, aide légale approximative, couverture sanitaire dérisoire, promiscuité, absence de contacts avec les proches, très souvent les détenus flanchent. Selon les responsables des services migratoires, certains pensionnaires restent plus longtemps en détention car il est difficile de les renvoyer dans leurs pays. Pour ne pas être expulsés, ils dissimulent leur véritable identité. Il arrive aussi que les autorités de leur pays d'origine refusent de les reconnaître comme étant leurs citoyens. Intervenant dans la presse, il y a quelques jours, Lin Homer, porte-parole de la police des frontières (UK Border Agency), a répertorié cet obstacle parmi les raisons qui ont contraint le gouvernement à faire une entorse à la législation, en envisageant de régulariser pas moins de 40 000 demandeurs d'asile. L'entrave principale, cependant, est d'ordre judiciaire. Dans de nombreux cas, les expulsions sont empêchées par les tribunaux pour des motifs humanitaires. Les juges étant opposés au renvoi d'individus dans des pays en guerre et où la situation des droits de l'Homme est mauvaise. Des sans-papiers d'origine algérienne figurent parmi les candidats à l'amnistie. Les autres prétendants sont originaires de Somalie, du Nigeria, du Congo, du Zimbabwe, de l'Iran et de la Chine. Comme attendu, les régularisations annoncées n'ont pas fait que des heureux. L'opposition conservatrice et le mouvement d'extrême-droite ont vivement critiqué la décision du gouvernement. À l'approche du scrutin législatif du printemps prochain, le dossier des sans-papiers constitue une véritable surenchère électorale. Face à une opinion publique de plus en plus réfractaire à la présence d'étrangers en situation irrégulière, le Parti travailliste, au pouvoir patine. On lui reproche son indulgence alors que sa politique migratoire gagne chaque jour en fermeté. Selon la police des frontières, 66 275 individus ont été reconduits aux frontières en 2008, soit une expulsion toutes les 8 minutes. En 2010, le nombre des centres de rétention doublera.