Mohamed Nouri, 66 ans, président de l'Association internationale de soutien des prisonniers politiques, et Abderraouf Ayadi, vice-président du Congrès pour la république en Tunisie, ont été évacués en urgence à l'hôpital dimanche soir. L'état de santé du premier s'est dégradé suite à une hypoglycémie. Quant à M. Ayadi, il a été victime d'un malaise cardiaque. MM. Nouri et Ayadi font partie du groupe des huit personnalités tunisiennes qui ont entamé une grève de la faim le 18 octobre dernier. L'état de santé de M. Nouri s'est nettement amélioré puisqu'il a rejoint hier le local pour poursuivre en compagnie de ses amis la grève de la faim. Toutefois, et d'après un membre du comité de soutien aux grévistes, M. Ayadi a été mis sous observation durant toute la journée d'hier. Le mouvement de grève de la faim illimitée déclenché par des individus représentant différentes tendances de la société tunisienne a été largement applaudi, soutenu et même suivi. En effet, samedi et dimanche derniers, une grève de soutien a été déclenchée dans plusieurs localités et régions tunisiennes. Cependant, les policiers ont encerclé et assiégé tous les locaux et les maisons des grévistes, empêchant beaucoup de militants de rejoindre leurs pairs. Il y a eu même des affrontements par endroits, notamment à Monastir où un étudiant a été tabassé par la police. « Le soutien général aux grévistes de la faim et la mobilisation pour leurs revendications entrent aujourd'hui dans une nouvelle étape significative de l'ampleur nationale du mouvement et de la forte adhésion à son message pour la reconnaissance de l'exercice du droit d'association, d'organisation politique, d'expression et de presse et pour l'amnistie et la libération de tous les prisonniers politiques et d'opinion », a indiqué un membre du comité de soutien aux grévistes. Celui-ci tient à rendre hommage à la force de l'engagement des militants, à la multiplicité de leurs initiatives et à la détermination de tous à unir leurs efforts pour faire aboutir ces revendications d'urgence nationale auxquelles aspirent l'ensemble des Tunisiens. Le comité dénonce, en outre, les manœuvres et mesures d'intimidation dont des militants ont été la cible ainsi que le siège imposé aux locaux des grévistes par les forces de police. Il reste convaincu que cet élan, fait de pluralité et d'engagement, qui s'exprime dans l'action unitaire, est le meilleur garant pour lever l'hypothèque que le pouvoir fait peser sur les droits et les libertés. D'aucuns estiment que le combat unitaire mené par les grévistes pour les libertés et pour un Etat de droit est à la fois légitime et porteur d'avenir. « Les régimes policiers s'épuisent à mesure que les peuples prennent conscience de leur force. Les grévistes donnent toutes ses chances à une future Tunisie démocratique en bravant ainsi l'arbitraire, la répression et les méthodes dictatoriales d'un pouvoir qui se discrédite tous les jours un peu plus », a indiqué un membre du comité tout en ajoutant que « la tenue prochaine du Sommet mondial de la société de l'information à Tunis ne fera pas oublier aux Tunisiens les tragiques réalités d'un régime qui bafoue systématiquement les droits humains et les règles élémentaires de la démocratie », a-t-il souligné. Selon Hamma Hammami, porte-parole du Parti ouvrier communiste tunisien, les grévistes sont déterminés à aller jusqu'au bout, ils sont prêts à mettre en danger leurs propres personnes, leurs corps que Zine El Abidine Ben Ali ne peut pas maîtriser. « Les Tunisiens étouffent dans leur propre pays. Nous avons préféré mettre en péril nos vies dans le but de lever, par l'action collective, l'étau qui étouffe les libertés. C'est en somme la détérioration du climat général et des conditions d'exercice des droits fondamentaux et de libertés publiques qui nous ont poussés à recourir à la grève de la faim », a souligné M. Hammami qui tente de tenir le coup tout en appelant la société à une plus large mobilisation. De son côté, le comité de soutien, tout en saluant le courage et le sens de l'abnégation des grévistes, appelle toutes les forces démocratiques et acteurs de la société civile nationale et internationale à apporter le soutien qu'exige l'évènement et met par la même les autorités tunisiennes devant leurs responsabilités et les appelle à tout mettre en œuvre pour éviter l'irréparable.