Coincée entre les impératifs de service public et les obligations commerciales dans un marché où elle évolue en situation de monopole, Naftal, en l'espace de quelques années, aura réussi, à en croire la lecture de son bilan, à regagner la confiance des banques après avoir notamment “carburé” durant l'année 2002 avec un chiffre d'affaires de 160 milliards de dinars. Son PDG, M. Akli Remini, élu meilleur manager de l'année 2002, invité, hier, du forum El Moudjahid s'est laissé aller à toutes les questions relatives au développement de son entreprise “présente sur l'ensemble du territoire national” avec ses 30 000 employés dont 800 universitaires, recrutés entre 2002 et 2003, point d'honneur ayant largement contribué à reconnaître le sursaut de Naftal. Toujours selon le responsable de cette entreprise, “des actions de modernisation, formation du personnel et autres programmes internes qui visent à instaurer une nouvelle culture de travail et de marketing au service de la clientèle sont en cours afin d'atteindre des niveaux de satisfaction ambitieux”. Il est vrai que l'élan engagé sur le terrain du développement peut souffrir inévitablement de la défaillance “officielle” de Sonelgaz dont les difficultés annoncées risquent de se répercuter sur l'activité économique globale et notamment celle de Naftal. M. Remini se dit conscient, de ce fait, “Nous avons prévu des commandes conséquentes de groupes électrogènes afin d'endiguer ces difficultés”. Alors qu'il ne cache pas son enthousiasme à entreprendre sans tabou des ouvertures de partenariat en direction du privé sur plusieurs segments, le PDG de Naftal, interrogé sur les problèmes des chèques de banques privées soumis à interdiction sur le réseau de son entreprise, affirmera que “ce malaise est temporaire” et ces “mesures relèvent de décisions bancaires” et ce, ajoute-t-il, l'interpelle sur une certaine prudence dans la gestion. Revenant au débat, il fera savoir que les prix pratiqués actuellement “fixés par les pouvoirs publics” ne constituent pas un argument suffisant pour intéresser le partenaire privé à intervenir sur la distribution, tant les niveaux de rémunération restent encore “faibles”. Sur ce chapitre, indique M. Remini “sur chaque bouteille de gaz vendue, notre marge est de 8,41 dinars alors qu'il faut, en principe, rajouter 35 dinars. Et sur chaque litre de carburant vendu, nous gagnons 1,30 dinar alors qu'il faut normalement, rajouter 0,92 dinar pour être réellement bénéficiaire”. Cette situation, faut-il le mentionner, résulte de la politique des prix administrés dont la facture globale s'élève à 4,8 milliards de da de manque à gagner pour Naftal dont le bénéfice, malgré tout, avoisine les 2 milliards de dinars pour l'exercice 2002. Enfin, il est utile de rappeler que l'entreprise Naftal comme l'a relevé son PDG “avait placé des fonds à El Khalifa Bank ; mais elle a réussi à les retirer au bon moment”. Un retrait capital puisque la suite sera explosive… A. W.