Tout en comptant rester leader sur le marché des produits pétroliers, Naftal cherche toutefois à se débarrasser de sa position de monopole en ouvrant la voie à d'autres intervenants qui viendraient partager la charge de répondre aux besoins de la consommation domestique. C'est en ces termes que le PDG de la Société nationale de commercialisation et de distribution des produits pétroliers (Naftal), M. Remini, a esquissé hier les contraintes structurelles qui continuent à entraver l'expansion de l'entreprise qu'il dirige. Au cours d'un point de presse qu'il a animé à l'hôtel El Aurassi à Alger, en marge de la 3e conférence annuelle des cadres de Naftal, M.Remini a ainsi indiqué que son entreprise devrait détenir quelque 40 à 50 % seulement du marché afin de limiter les charges qu'elle supporte actuellement en étant obligée de satisfaire à elle seule l'ensemble de la demande nationale. Pour permettre la multiplicité des intervenants sur le marché, a-t-il expliqué, « il est nécessaire de procéder à la revalorisation des marges de distribution sur les produits pétroliers à prix administrés, tels que les GPL et les carburants ». Il mentionnera à cet effet qu'au regard de la logique des prix réglementés, « Naftal perd près d'un dinar sur chaque litre de carburant qu'elle commercialise ». Et de révéler en ce sens qu'au titre de l'exercice 2003, les pertes enregistrées s'élèvent à quelque 4 milliards de dinars. A ce déficit, né de la faiblesse des marges de distribution, s'ajoute, selon M. Remini, un manque à gagner de l'ordre de 4 milliards de dinars, représentant la somme des créances que l'entreprise détient sur des organismes publics. Afin que soient palliées les contraintes structurelles entravant le développement du marché national, affirmera le PDG de Naftal, « nous présentons régulièrement, durant ces dernière années, des demandes de réactualisation des tarifs et de revalorisation des marges aux pouvoirs publics (...) Et nous pensons que cette année sera la bonne ». Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a d'ailleurs affirmé, à l'ouverture de la conférence des cadres de Naftal, que son département « a déjà engagé un certain nombre d'actions visant une meilleure équité entre les distributeurs et l'amélioration de la rémunération de l'activité de distribution des produits pétroliers ». A une question relative au trafic de carburants au niveau des zones frontalières, le conférencier révélera que quelque 600 m3 par jour sont commercialisés frauduleusement au Maroc. D'autres pays, comme la Tunisie, le Niger et le Mali « sont également concernés par ce trafic », a-t-il souligné. « Naftal a pris certaines mesures pour juguler ce phénomène, en rationnant notamment les approvisionnements », a-t-il expliqué. Et d'estimer cependant que « ce n'est pas à l'entreprise d'endiguer le trafic, car ce dernier continuera de toute façon à exister tant que les prix des produits seront plus élevés au Maroc ». Cela étant, il convient de souligner enfin que la société de distribution et de commercialisation des produits pétroliers Naftal a réalisé un taux de croissance de 4% pour l'exercice 2003. Présenté hier par le PDG de l'entreprise, le bilan de Naftal fait ainsi ressortir un chiffre d'affaires de 178 milliards de dinars et un résultat net de 2 milliards de dinars. Ces résultats positifs sont le fait de la croissance du volume des ventes de la société, évalué en 2003 à 96 millions de tonnes, tous produits confondus, notamment les produits à prix libres, tels que les lubrifiants. S'agissant, par ailleurs, du volume des investissements lancés en 2003, leur montant global a atteint, selon les chiffres de l'entreprise, 5,3 milliards de dinars.