C'est devenu désormais une tradition : les citoyens de Tizi Ouzou recourent à la fermeture de routes pour exprimer des doléances souvent légitimes. Le recours à cette forme d'expression s'explique, il va de soi, par l'inefficacité des canaux de dialogue traditionnels. Hier encore, les habitants de la cité du 11-Décembre, appelée communément quartier Bouaziz, ont procédé à la fermeture de la rue Khodja-Khaled, à l'aide de pneumatiques usagés qui brûlaient au milieu de la chaussée. Un immense embouteillage s'est aussitôt constitué bloquant ainsi la circulation automobile sur cet important axe routier. Les manifestants sont descendus dans la rue pour exprimer leur mécontentement suite à l'abandon du chantier des travaux d'aménagement de leur quartier. L'entreprise chargée du projet aurait exigée qu'elle soit d'abord payée pour les chantiers déjà réalisés par ses soins. Les représentants de la population dénoncent le silence des autorités devant l'abandon de leur cité qui, pour sa réhabilitation, nécessite un véritable “plan Marshall” : routes défoncées, trottoirs dégradés, etc. Tout est à refaire ici, nous explique-t-on sur place. “Que des promesses !” fulmine un délégué du quartier. Les manifestants ont mis fin à leur action après la promesse que les travaux ne tarderaient pas à être entamés. “Mais pourquoi attendre des actions de rue pour que les pouvoirs publics s'empressent par la suite de s'occuper des doléances pourtant légitimes des citoyens”, s'interroge-t-on à Bouaziz, dont les habitants ont déjà bloqué la même rue le 28 septembre dernier. Le wali de Tizi Ouzou, dans une sèche mise au point, avait parlé de manipulations à l'origine de cette effervescence sociale. “Nous dérangeons !” avait déclaré M. Mazouz, le 14 octobre, en marge d'un conseil de wilaya consacré à la daïra d'Ouaguenoun. C'est que les émeutes cycliques déclenchées ici et là semblaient avoir agacé les responsables locaux qui ont réquisitionné la force publique pour empêcher la fermeture de routes devenue une marque de fabrique de la région. D'autres quartiers, est-il utile de le rappeler, ont recouru au même procédé pour soulever des revendications liées au cadre de vie. Y. A.