La colère est montée d'un cran dans les quartiers de la ville de Tizi Ouzou depuis quelques jours. Désormais, pour exprimer leurs doléances, souvent nombreuses, les citoyens recourent à l'action de la rue. Plusieurs quartiers ont manifesté leur colère par le recours aux barricades et autres émeutes sociales. Samedi dernier, ce sont les habitants de la cité 5-Juillet, appelée communément les 240-Logements, à l'entrée ouest de la ville des Genêts, qui ont manifesté leur courroux en bloquant la RN12, à proximité de la gare routière. Dès le matin, les jeunes du quartier ont barré la route, un axe routier au trafic important, à l'aide de pneumatiques usagés et de blocs de pierres. Une gigantesque fumée noirâtre se dégage des pneus enflammés. Les automobilistes qui arrivent sur place sont contraints de rebrousser chemin. Le maire de Tizi Ouzou a tenté de convaincre les manifestants de surseoir à leur action, en vain. “Apparemment, c'est le seul langage que comprennent les pouvoirs publics”, fulmine un manifestant visiblement en colère. Son courroux semble justifié si l'on prend en considération les revendications qu'il énumère devant l'édile municipal. “Le ramassage des ordures n'est pas assuré de manière régulière, la conduite d'assainissement a éclaté par endroits avec tous les risques sur la santé publique, le programme de l'aménagement urbain a zappé notre quartier”, proteste notre interlocuteur. C'est parce que les canaux traditionnels du dialogue ont montré leur manque d'efficacité que les citoyens recourent à cette forme d'expression, tente d'expliquer un représentant du quartier. Car, selon ce dernier, le comité de quartier n'a pas cessé de “moisir” dans les couloirs de l'administration. Mais à chaque fois, les délégués des citoyens reviennent bredouilles. “Que de promesses !”, dénonce-t-on. Les manifestants menacent de revenir à la charge si jamais leurs revendications ne trouvent pas d'oreille attentive auprès de qui de droit. La semaine passée, ce sont deux autres quartiers qui ont exprimé leur ras-le-bol par le même procédé. Et pratiquement pour les mêmes motifs. Il s'agit du quartier Krim-Belkacem de la Nouvelle-Ville et de la cité Bekkar. Les manifestants, en fermant la route, ont voulu dénoncer le délaissement de leurs quartiers par les pouvoirs publics. Ils réclament notamment le bitumage de la route, la viabilisation de leurs cités respectives et le ramassage des ordures. Le 28 septembre, deux autres quartiers résidentiels, où il faisait bon vivre, il n'y a pas longtemps, ont recouru au langage de la rue en fermant deux importants axes routiers. Les habitants des quartiers les Tours-Villas et Bouaziz avaient procédé à la fermeture des rues Khodja-Khaled et Kerrad-Rachid. Le déplacement du chef de daïra de Tizi Ouzou sur les lieux de la manif n'a pas dissuadé les manifestants à crier leur colère. La cité les Tours-Villas, qui a acquis la renommée de quartier chic dans un passé récent, est livrée à son triste sort aujourd'hui. Le quartier est situé dans une zone inondable. Et à chaque approche de la saison des pluies, les habitants vivent avec une angoisse qui fait arracher les cheveux. La rue principale qui balafre le quartier est complètement défoncée. Même les trottoirs ont disparu, puisqu'il n'y a ni pavé ni carrelage, et les caniveaux, quand ils existent, sont dans un piteux état, regrette-t-on par ailleurs. Enfin, avec la montée au créneau des victimes de l'attentat à la bombe qui avait pulvérisé le siège des renseignements généraux de Tizi Ouzou, le 3 août 2008, c'est la boucle de la protesta qui est bouclée. Les riverains du siège de la police revendiquent l'indemnisation de leurs véhicules que l'engin explosif avait réduit en tas de ferraille.