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Les opérateurs économiques doivent comprendre l'environnement dans lequel ils opèrent Faouzi Bensebaâ, professeur en Sciences de gestion (université de Reims), à Liberté
Liberté : Vous êtes partie prenante des 3e Assises de l'intelligence économique organisées par Vip Groupe. Quel est le but de ce rendez-vous ? Faouzi Bensebaâ : Il s'agit de pérenniser une manifestation sur une thématique dont la pertinence ne faiblit pas. En outre, cette manifestation a la vocation de permettre aux spécialistes de faire part de leurs réflexions et de leurs travaux sur les dernières évolutions de l'intelligence économique. En quoi consistent ces évolutions ? Elles portent sur les outils les plus récents en matière de collecte de l'information et de sa sécurisation, sur les techniques les plus efficaces sur le plan de la participation des acteurs des organisations à la création et au partage de la connaissance, sur le fonctionnement des organisations en mode-projet pour mieux appréhender l'intelligence économique, etc. Quel est l'intérêt de ces Assises pour l'Algérie ? En relation avec la réflexion déjà engagée lors des deux premières Assises, il s'agit de poursuivre l'effort de sensibilisation des institutions publiques, des holdings, des organisations privées, etc., à l'importance de bien comprendre les mutations en cours pour développer des comportements proactifs, ou à défaut, réactifs. D'une manière plus précise, l'objectif est d'attirer l'attention sur la nécessité de maîtriser l'environnement dans lequel ils opèrent, d'en anticiper le changement, d'en saisir les enjeux, de repérer les nouveaux “business models” et de mettre le doigt sur les opportunités émergentes, de saisir les nouvelles règlementations, d'appréhender les intérêts des concurrents-adversaires (public ou privé), etc. La crise mondiale actuelle accentue-t-elle le rôle de l'intelligence économique ? Plus que jamais. Alors que la concurrence est rendue plus intense par la baisse de la demande et/ou le changement de sa nature et par les multiples bouleversements que connaissent les marchés, les industries, les entreprises et les institutions nationales ne peuvent pas se permettre d'ignorer l'intelligence économique. Dans cette perspective, la politique publique devient incontournable pour déployer un véritable processus collectif à la hauteur des enjeux économique, scientifique et commercial auxquels l'économie algérienne est confrontée sur son marché national et face aux acteurs issus de l'étranger proche, à savoir l'Europe, et du reste du monde. Il est donc vital d'organiser un réel partage de certaines informations stratégiques et de mettre en œuvre tous les moyens modernes dans la maîtrise et la protection de l'information, en appui de la stratégie des entreprises, de leur compétitivité et de leur développement. La politique publique joue donc pour vous un rôle majeur dans l'intelligence économique ? Absolument. Comme il est nécessaire de faire preuve davantage de vigilance et d'acuité pour identifier les solutions et repérer les leviers permettant de s'adapter à la nouvelle donne mondiale et d'imaginer les secteurs porteurs et les business models de demain, le recours à l'Etat semble incontournable. Ce recours ne porte pas sur le retour de l'Etat comme acteur interventionniste dans toute la sphère économique, à l'ancienne mode, mais sur un Etat régulateur et stimulateur, usant de son pouvoir discrétionnaire pour susciter les initiatives dans les secteurs et les domaines qu'il juge nécessaires au bien-être collectif, tels que la pharmacie, l'électronique, l'agroalimentaire, l'énergie, etc. Enfin, les institutions de formation — universités, écoles de commerce, etc. —devraient jouer un rôle majeur sur le plan de la production des connaissances, dans la mesure où le monde de demain sera un monde dans lequel excelleront surtout ceux qui auront la technologie soft, à savoir les compétences et l'expertise. Pour cela, ces institutions et surtout les universités devront accentuer leur ouverture sur le monde et accepter la confrontation avec les autres. O. O.