L'équipe nationale a souvent été victime de coups bas et de jeux de coulisses lors des compétitions internationales. Le scandale de Gijón où Allemands et Autrichiens ont dû arranger le match pour se qualifier au détriment de l'Algérie est entré dans les annales du football, mais ce ne fut pas l'unique fois où les Verts se font avoir. À la veille d'un match capital qui devrait définir l'équipe qualifiée pour le Mondial sud-africain, la Fifa est plus que jamais interpellée afin que le match se déroule sur le périmètre vert et non dans les coulisses. La Fifa vient d'interpeller, en des termes très sévères, la Fédération égyptienne, quant à son devoir de veiller à la sécurité des joueurs et des supporters algériens. L'instance suprême du football rappelle aux responsables égyptiens qu'elle suit de près tout ce qui entoure cette rencontre et qu'une délégation de la Fifa devrait arriver au Caire le 11 novembre pour superviser tout cela. Cet avertissement suffira-t-il pour tempérer les ardeurs des Zaher and Co ? Il dérangera sûrement leurs plans, mais tout porte à croire que de mauvaises surprises attendent les Verts au Caire. À moins d'une semaine du match fatidique entre l'Algérie et l'Egypte, les responsables du football égyptien, relayés par des chaînes satellitaires mobilisées pour la besogne, multiplient les menaces d'intimidation et autres appels au lynchage des Algériens. Le président de la Fédération égyptienne de fooball, Samir Zaher, souffle le chaud et le froid, lui qui promettait, à Alger, un accueil chaleureux à la sélection algérienne. Dès son retour au Caire, il avait commencé à mener campagne contre l'Algérie, en avançant que son équipe n'aurait jamais dû perdre à Blida, n'étaient-ce les conditions ayant entouré la rencontre. Entendre par-là, les prétendus empoisonnements des membres du staff technique, et les cortèges de voitures qui auraient empêché les joueurs de dormir, sans omettre les fumigènes qui auraient gêné le gardien El-Hadri. Des accusations, pourtant réfutées par les Egyptiens eux-mêmes, à commencer par le chef de la délégation à Alger et les journalistes égyptiens présents à Blida. N'empêche, ces accusations, répétées à satiété, ont pour but de rappeler aux Algériens qu'ils devraient s'attendre aux mêmes procédés au Caire. Les Belloumi, Menad et consorts ont été marqués à jamais par les méthodes d'accueil des Egyptiens, lorsque leur hôtel “5 étoiles” s'était transformé en café populaire et où la musique fusait de partout pendant tout leur séjour, sans discontinuer. Ils se souviennent de leur bus qui était pris d'assaut par les supporters qui voulaient le renverser. Mais se souviennent surtout du cauchemar du Cairo Stadium, où, même dans le couloir menant des vestiaires au terrain, ils ont été agressés. Le comportement des supporters a été tout sauf sportif. Et comme cela ne suffisait pas, même des soigneurs de l'équipe égyptienne se sont mis de la partie pour provoquer les joueurs algériens. Lakhdar Belloumi a souffert pendant plus de vingt ans de ces pratiques. En 1989, l'Algérie a été battue par un but à zéro, suffisant pour les Egyptiens pour aller au Mondial. Un but marqué suite à l'agression caractérisée contre le gardien Larbi, qui fut transporté à l'hôpital où il est resté près de six heures dans le coma. L'arbitre tunisien, Bennaceur, de triste mémoire, n'y a rien vu, comme il n'avait pas vu le pénalty valable en faveur de l'Algérie, encore moins l'agression contre le joueur Kaci Saïd, sur la main courante, par le soigneur égyptien. Ce même arbitre se verra gratifié d'officier en Coupe du monde un certain Argentine-Angleterre où il ne verra pas, non plus, “la main de Dieu” de Maradona. Ceci pour l'histoire, car les Egyptiens, à leur tête le capitaine de la sélection, Ahmed Hassan, aiment raconter des histoires : “ En 2001, ils (les Algériens ndlr) nous ont jeté des pierres, nous ont empêchés de nous échauffer, comment peut-on leur offrir des fleurs aujourd'hui ?” s'est-il interrogé en réponse à l'initiative d'offrir une fleur à chaque joueur algérien comme ce fut le cas lors du match aller, à leur descente d'avion.Toujours pour l'histoire, l'Egypte a été sévèrement sanctionnée par la Fifa, pour des jets de pierres ayant touché le gardien Bruce Grobelar, de la sélection zimbabwéenne, ainsi que le soigneur de l'équipe. C'était en 1993. Et le résultat du match, en faveur de l'Egypte, a été invalidé. Le match a été rejoué à Lyon, en France, et s'est terminé en faveur du Zimbabwe. Mais, pour le match capital contre l'Algérie, les Egyptiens semblent avoir tout prévu pour mettre le maximum de pression sur la sélection algérienne, tout en évitant les risques d'être sonctionnés par la Fifa. Samir Zaher a annoncé la couleur en appelant les supporters à faire trembler le stade: “Faites-leur peur. Allez les déranger dans leur hôtel. Faites-en ce que vous voulez”, s'est ainsi adressé le premier responsable du football égyptien aux supporters de son pays. Le même Zaher revient à la charge, au lendemain de la publication d'informations au sujet d'un avertissement écrit que la Fifa aurait adressé à la Fédération égyptienne au sujet de la sécurité de la sélection et des supporters algériens. Zaher et Abou Reïda, durant le match amical contre la Tanzanie, tout en niant avoir reçu un tel avertissement, tenteront de rassurer les Algériens, en leur promettant un bon accueil et des mesures de sécurité appropriées. Il est clair que Zaher a peur des sanctions de la Fifa. D'ailleurs, après avoir nié l'envoi d'un avertissement de la Fifa, il a dû le publier sur le site internet de la fédération, sûrement après avoir été rappelé à l'ordre. Mais il persiste à haranguer les foules et à affirmer que l'Egypte devrait aller au Mondial, coûte que coûte. Même des hôtels cinq étoiles ont refusé de recevoir les Verts après avoir accepté, au préalable les réservations provisoires. Persuadé qu'une large victoire sur les Verts serait du domaine de l'impossible, au regard des potentialités réelles des deux équipes, Zaher voudrait gagner le match hors du périmètre du jeu, en faisant appel à la pression du public à l'intérieur du stade, mais aussi autour du stade où il espère voir un million de supporters. Même si ces propos sont exagérés et destinés surtout à impressionner les Algériens, il n'en demeure pas moins que les blogs égyptiens n'ont pas tardé à prendre le relais et des DJ s'organisent pour faire un maximum de bruit autour de l'hôtel des Verts durant la nuit précédant le match. Malgré les assurances des responsables égyptiens, la crainte de voir de telles pratiques n'est pas à écarter. D'autant plus que la campagne menée tambour battant par les chaînes satellitaires verse carrément dans la chasse aux Algériens. De simples rumeurs, aux vulgaires montages photos sont transformés par la propagande égyptienne en affaire d'Etat, comme ce fut le cas pour la vidéo montrant des jeunes voilés, brûlant le maillot égyptien. L'accent des jeunes sur la vidéo est tout sauf algérien, mais la rumeur a fait que pour des millions d'Egyptiens, les Algériens l'auraient fait. Certains jurent que c'est le drapeau égyptien qui a été brûlé. On le voit bien, dans ce jeu de propagande, les Egyptiens restent redoutables. Pis encore, la dernière trouvaille des responsables égyptiens, relayés par les médias, consiste à répéter que si jamais incidents il y auraient durant la rencontre, ce serait l'œuvre d'Algériens qui se seraient engouffrés dans les tribunes égyptiennes pour faire exprès de provoquer des incidents (jets de pierres ou fumigènes) afin que l'Egypte soit sanctionnée. Non satisfaits d'avoir limité au maximum le nombre de places réservées aux Algériens, les responsables égyptiens veulent leur faire porter le chapeau, en cas d'incidents dans les tribunes réservées aux supporters égyptiens. Les Egyptiens comptent toujours sur le duo Fahmy-Abou Reïda, pour faire pencher la balance en leur faveur, notamment dans le jeu de coulisses souvent décisif dans ce genre de compétitions. Mustapha Fahmy, le gardien du temple de la CAF, le secrétaire général et le trésorier de cette institution, a hérité ce poste de son défunt père, Mourad. C'est lui qui a le premier et le dernier mot sur tout ce qui bouge en Afrique footballistique. Normal, il est chez lui, au Caire. Hani Abou Reïda est membre du conseil d'administration de la Fédération égyptienne de football mais aussi et surtout, membre des comité exécutif de la Fifa et de la CAF. Ces deux personnages-clés ont la haute main sur l'organisation des compétitions continentales, la désignation des arbitres, bref, le jeu de coulisses est leur profession. Lorsqu'on voit les arbitres choisis pour les matchs de l'Algérie, notamment celui contre le Rwanda à Blida, et celui choisi pour officier la rencontre de l'Egypte face au Rwanda au Caire, l'on se demande comment se fait-il que l'Algérie soit toujours la victime du mauvais arbitrage, pour ne pas dire de l'arbitrage vicieux ? À ce stade de la compétition, où chaque but, chaque carton comptent, comment peut-on faire appel à un arbitre d'une telle incompétence ? Il n'y pas que cela. Le choix du pays neutre devant abriter le match barrage, si match il y aura, fait l'objet d'une étrange surenchère égyptienne, qui voudrait à tout prix jouer face à des gradins remplis de leurs supporters. La logique aurait voulu que le match se déroule soit en Libye, soit en Tunisie, soit en Italie, les trois pays se trouvant à mi-chemin entre l'Algérie et l'Egypte. Or, les Egyptiens ont opté pour le Ghana, espérant que le public leur rende la monnaie après la victoire des jeunes Ghanéens en Coupe du monde, au Caire. Ils ont choisi également l'Afrique du Sud, où leur sélection avait déjà joué la coupe intercontinentale. Et ces derniers jours, une rumeur circule affirmant que le match barrage se tiendrait à Chypre, sur décision de la CAF. Cette même CAF qui avait refusé catégoriquement de faire jouer ce match hors du continent. Qu'est-ce qui lui a fait changer d'avis ? La réponse se trouve chez le duo Fahmy-Abou Reïda. En fait, Chypre est le seul petit pays européen ne disposant pas d'une forte communauté algérienne. La dernière couche apportée au travail de coulisses fut le remplacement du commissaire du match du 14 novembre. Initialement, c'est le Marocain Saïd Belkhayat qui devait s'en charger, avant d'être remplacé. Abou Reïda, interrogé par des journalistes algériens au Caire, a imputé ce changement au fait que le commissaire marocain se serait rétracté, par crainte de la tension qui entoure ce match. Le match sera, certes, suivi par un commissaire suisse chargé de la sécurité et désigné par la Fifa, le même qui a été désigné pour le match aller et qui a vu l'Algérie sanctionnée pour usage de fumigènes. En fait, plus qu'un simple match d'où sortira un vainqueur et un vaincu, l'acharnement de Zaher cache mal sa crainte pour son propre avenir. Il sait pertinemment que les conflits au sein de la fédération qu'il préside, laissés en suspens, jusqu'à l'issue des éliminatoires, vont ressurgir et lui valoir sa place. Il sait que la génération des Abou Trika, Ahmed Hassan, Amr Zaki et Issam El-Hadry est arrivée à péremption. Le Mondial leur paraît comme ultime consécration d'une carrière bien remplie, notamment par les deux dernières Coupes d'Afrique des nations. Et il sera difficile de rebâtir une nouvelle équipe dont les fruits ne pourraient se concrétiser que dans six à dix ans. En choisissant de maintenir une équipe vieillissante et en imposant des stars qui ne sont plus capables de courir sur un terrain, Samir Zaher joue gros, plus que le sélectionneur Hassan Shehata, assuré, au moins de conduire la sélection égyptienne en Angola pour le compte de la CAN-2010. A. B.