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Cavalli est-il le vrai problème?
EQUIPE NATIONALE DE FOOTBALL
Publié dans L'Expression le 03 - 09 - 2007

Même si cette équipe venait à se qualifier pour la CAN 2008, les mêmes carences auront toujours cours.
Dimanche prochain l'équipe nationale de football sera fixée sur son sort en Coupe d'Afrique des nations de 2008 à l'issue de sa confrontation contre son homologue de Gambie. Ce sera, peut-être, le dernier match de Jean-Michel Cavalli comme entraîneur de cette équipe. Comme on le sait, les Verts sont aujourd'hui plus proches de l'élimination que de la qualification à la phase finale de la CAN, résultat de leur défaite à domicile le 11 juin dernier face à la Guinée.
Si cette élimination venait à se concrétiser dimanche prochain à Banjul, il apparaîtrait comme normal que le Français s'en aille. D'ailleurs, le passage à la phase finale de la CAN était l'une des conditions de son maintien à la tête du staff technique de cette sélection. Mais ce que l'on sait moins, c'est que même si l'équipe d'Algérie venait à obtenir son billet pour Accra et le Ghana, il pourrait être appelé à faire ses bagages et à partir.
Une qualification à une compétition internationale n'est pas un gage de certitude pour rester en poste. Surtout pas chez nous où on s'était déjà amusé par le passé à mettre dehors un entraîneur qui avait réussi à qualifier notre équipe nationale en Coupe du monde. Le Russe Evgueni Rogov, c'est de lui qu'il s'agit, n'avait même pas eu le droit à des remerciements alors que les Verts se préparaient à la grande fête mondiale qui devait se dérouler en Espagne en 1982.
Pour enfoncer le clou, on rappellera que ceux qui lui avaient succédé, Rachid Mekhloufi et Mahieddine Khalef, avaient dû rentrer au pays en catimini, sans faire de bruit, eux et leurs joueurs, alors qu'ils venaient de rater la qualification au tour suivant du Mondial suite à un match arrangé entre les Allemands et les Autrichiens. C'est comme ça chez nous, la réussite ne vous garantit pas une confirmation dans un travail et Jean-Michel Cavalli ne sera, sans doute pas, le dernier à connaître un tel épilogue. Il faut dire que le Français n'avait pas, ici, que des amis. Déjà, lorsqu'il avait été recruté, le reproche avait été fait à la FAF d'avoir opté pour quelqu'un qui n'était pas connu alors qu'on s'attendait à la voir embaucher un gros calibre du football mondial. Seulement à la bourse des valeurs on savait très bien que ces entraîneurs-là demandent des salaires au-dessus des moyens de la FAF. C'est bien facile de cibler celle-ci et de l'accuser de tous les maux encore faut-il qu'elle ait les moyens de satisfaire les désirs des uns et des autres.
La fédération sud-africaine a ramené le Brésilien Carlos Pareira, qu'elle paie 200.000 euros par mois, parce que son gouvernement lui a donné les moyens financiers pour cela. Chez nous, au moment où Cavalli avait été recruté, la FAF n'avait reçu aucun centime au titre de sa subvention annuelle et il avait fallu à la fédération faire de la gymnastique pour que l'équipe nationale, notre équipe, celle qui représente le pays à l'étranger, soit regroupée.
La FAF avait ramené Cavalli parce que ce qu'il demandait entrait dans ses possibilités. On lui aurait donné de l'argent, elle serait peut-être allée voir du côté de Lippi ou de quelqu'un d'autre du même calibre. Mais elle n'avait pas recruté Cavalli que pour une histoire de paie pas tellement élevée. C'est que le Français avait tout de même un passé de joueur professionnel puis d'entraîneur qui plaidait pour lui. Cavalli a entraîné l'équipe de Lille qu'il avait menée jusqu'en première division française puis en Coupe d'Europe des clubs.
Il s'est trouvé des entraîneurs, bien de chez nous, à lui chercher des poux dans la tête et à le critiquer. Tous ces mauvais donneurs de leçons devraient tourner sept fois leur langue dans la bouche avant de s'exprimer.
D'abord, aucun d'eux ne pourra un jour entraîner un club professionnel en Europe. Ensuite, on voit le résultat de leur travail les jeudis et vendredis à l'occasion de ces insipides et médiocres matchs de nos tristes championnats. Enfin, on voudrait bien savoir si l'un d'eux a eu un passé de joueur dans un club professionnel.
Nos entraîneurs sont des adeptes de la phraséologie qui ne mène à rien, sinon à créer une inutile polémique.
Il a été reproché à Cavalli d'avoir trop parlé et d'avoir fait état d'une équipe nationale sans âme lorsqu'il avait entamé son travail à sa tête. Pourquoi ignorer à ce point le passé? Qu'était l'équipe nationale à l'arrivée de Cavalli? N'était-ce pas celle qui avait été éliminée de la Coupe du monde et de la CAN 2006? N'était-ce pas celle qui avait été humiliée à Annaba en se faisant battre 3-0 par le Gabon puis à Oran où elle s'était fait balayer par le Nigeria sur le score de 5 buts à 2? Qui croyait, à ce moment-là, que cette équipe pouvait se régénérer? Elle a, pourtant, redressé la barre jusqu'à contester la qualification à la CAN 2008 au favori qu'était la Guinée.
Elle s'est, également, mesurée à deux des plus grandes formations de la planète, l'Argentine et le Brésil sans être, le moins du monde, ridicule. Il fut un temps où cette équipe nationale était ignorée de tous, aujourd'hui, elle est demandée de partout.
Mais ce n'est pas pour cela que nous irions jusqu'à dire que nous avons, enfin, une équipe nationale compétitive. Elle l'est, peut-être, mais cela n'est que conjoncturel. C'est pourquoi nous pensons que ceux qui préconisent le changement de Cavalli pour ramener, soi-disant, un gros calibre n'ont rien compris à ce qui se passe dans notre football.
Le problème du football algérien ne se situe pas dans la qualification ou l'élimination de son équipe nationale d'une compétition internationale. Son problème consiste à se demander comment faire pour avoir une élite de joueurs compétitive et comment faire pour la régénérer.
Notre équipe nationale actuelle est, majoritairement, formée de joueurs émigrés, lesquels ne peuvent être considérés comme les produits de l'école du football algérien. Ce dernier a complètement raté l'opération de renouvellement de son élite nationale et s'est retrouvé en train de bricoler au niveau de la base de son système, c'est-à-dire ses clubs.
On pourra, alors, ramener le meilleur entraîneur de la planète, il ne travaillera qu'avec ce qu'il a sous la main, y compris nos émigrés qui sont de bons joueurs sans plus. En tout cas, comparés aux Ivoiriens, aux Camerounais et aux Nigérians, dont les joueurs évoluent dans les plus grands clubs du monde, nous sommes loin du compte.
Le salut de l'équipe nationale ne peut venir que d'une politique basée sur le long terme en matière de formation. En dehors d'une telle démarche qui se veut réaliste, nous serons condamnés à nous contenter du conjoncturel. Aussi, penser qu'en limogeant Cavalli nous allons nous baser sur du sûr, du solide, ce serait jouer un mauvais tour au football algérien qui a, surtout, besoin d'une thérapie de choc au niveau de ses clubs.
Une qualification à la CAN 2008, ce serait bien pour le prestige, mais elle ne saurait nous faire dévier de la mission essentielle qui consiste à élaborer une grande politique sur le football.


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