De nombreux artistes ont profité de l'opportunité du rendez-vous avec les Egyptiens pour composer des chansons dédiées à l'EN, un business qui rapporte gros. Depuis des semaines, tout le monde n'écoute que des chansons barouali ; ce style de musique est devenu le nouvel hymne national des Algériens depuis la victoire de l'équipe de football contre l'Egypte à Blida. Ces chansons bâties sur des textes souvent osés ou qui incitent à la violence sont écoutées en boucle par tout le monde. Qu'ils soient enfants, jeunes ou âgés, cela est au goût de toutes les classes sociales. Les rues de la capitale résonnent aux son et rythme de Maâk ya el khadra, dans les magasins, sur les ondes des radios ou tout simplement par les automobilistes qui défilent tout le temps, vibrant au rythme des Gladiateurs de Cheb Akil. Plus d'une centaine de chansons sont à la portée de ces nouveaux accros des chants patriotiques. “Depuis ces derniers jours, j'ai vendu une moyenne de 1 500 CD, et je continuerai à en vendre, surtout si nous nous qualifions”, a déclaré un disquaire. Concernant les boutiques de disques, tous les étalages sont envahis par ces nouvelles stars de la chansonnette populaire. “Je vends une moyenne de 20 à 50 albums par jour qui coûte la modique somme de 150 DA, les gens se les arrachent et apparemment ils n'écoutent que cela”, a avoué un disquaire d'un certain âge. Ces chansons ne sont pas seulement des compositions dédiées à l'équipe nationale, mais aussi un stimulant pour la violence et l'intolérance envers les Egyptiens à travers des paroles insolentes. “Franchement, je n'aime pas ces paroles, ils ne font que critiquer et ne sont pas du tout tolérants”, désapprouve même le vendeur qui joue au fair-play, alors qu'il en vend une cinquantaine par jour. Sur le marché du CD, une vingtaine d'artistes connus ou méconnus du grand public font en ce moment un tabac avec leurs produits. C'est le cas du groupe Milano avec le titre Fidèle et fier, Cheb Soltan et Napoli avec N'jibouha qualifier, et aussi le groupe Milano Torino qui a à son actif trois albums et aussi la reconversion de plusieurs chanteurs en style barouali, entre autres Fella Ababsa, Hamidou et Faudel en duo avec Reda City 16. Par ailleurs, d'autres nouvelles coqueluches ont fait leur apparition comme le groupe Algérie Forever et Verdi Rosso. Cette soudaine envie de chanter l'équipe nationale par ces stars de la chanson est l'expression du pur patriotisme, selon eux. “Quand les Egyptiens ont brûlé le drapeau national, j'ai écrit ‘el masri guelbou derou' ; c'est une sorte de revanche, n'importe quel citoyen l'aurait fait. Il faut encourager nos joueurs car ils représentent notre nation”, a déclaré Cheb Soltan tout ému. Tous ces artistes reconvertis aux chants patriotiques le font par amour à leur équipe ou pour une simple raison de marketing, mais le plus important est que cela apporte la joie dans le cœur des citoyens qui oublient leurs malheurs le temps d'une chanson. Quand art et business se conjuguent à la perfection. H. M.