Quoi qu'on dise du match Egypte-Algérie, il faudra convenir qu'il ne s'est pas réellement joué sur le carré vert. Pour éviter toute confusion, il faut d'abord dire bravo à nos braves garçons qui, malgré la défaite, n'ont à aucun moment démérité. Cette équipe, nous y croyons plus que jamais ! Ce sont des baroudeurs, doublés d'artistes de la balle ronde. Ils l'ont démontré dans des conditions qu'ils n'étaient pas obligés d'accepter. Seule la bêtise d'un ministre qui s'est cru obligé de représenter quasiment les intérêts égyptiens, au nom d'une hypothétique “fraternité arabe”, au moment où nos garçons se faisaient caillasser, a donné à la Fifa la caution nécessaire pour faire jouer ce match dans des conditions inacceptables. Inacceptables à plus d'un titre. D'abord parce que l'équipe algérienne de football a été agressée au vu et au su de tout le monde, agression sauvage très probablement commanditée et organisée par le premier responsable de la fédération égyptienne de football qui, quelques jours avant la rencontre, a demandé publiquement aux supporters ultras de l'équipe d'Egypte de faire “ce qu'ils voulaient des Algériens” à leur arrivée en Egypte. Plutôt que de faire demi-tour, rentrer à Alger et laisser la Fifa face à ses responsabilités, il a fallu que notre ministre de la Jeunesse et des Sports vole au secours des Egyptiens en affirmant que les blessures de nos joueurs “étaient superficielles”, et qu'il s'agissait d'un acte isolé qui n'impliquait pas le peuple et l'Etat égyptiens. Jamais l'Egypte n'aurait rêvé d'un aussi bon ambassadeur ! C'est d'autant plus désolant qu'au même moment le ministre des Affaires étrangères développait un discours plutôt ferme à l'égard de l'Egypte et que notre équipe de football était sous le choc d'une agression d'un autre âge. Là où M. Djiar assurait que les blessures de nos footballeurs étaient bénignes, le représentant de la Fifa affirmait qu'on ne pouvait “pas parler de blessures superficielles” lorsqu'il s'agit, par exemple, de sept points de suture à la tête d'un joueur qui constitue la charnière principale de la défense de l'équipe nationale. Beaucoup de joueurs algériens, malgré leur courage et leur engagement, ont déclaré leur peur légitime pour leur vie après l'accueil guerrier qui leur a été réservé au Caire, surtout après avoir vu leurs camarades en sang. Blessés physiquement ou pas, ils étaient choqués. Très lourdement choqués ! Il y avait là plus d'une raison de faire demi-tour et de laisser la Fifa face à ses responsabilités. C'est vrai que cette “honorable” institution pouvait alors nous disqualifier, mais aux yeux du monde, elle se déconsidérait ! D'autant plus que les voix les plus sacrées de la planète football, à l'image de celle de Pelée, se sont élevées pour condamner le lâche comportement de l'Egypte à l'égard de notre délégation. Aujourd'hui, le match est joué. L'Algérie a perdu par 2 buts à 0 après un temps additionnel que personne ne s'explique. Nos garçons n'ont pas démérité. Ils ont été à la hauteur de nos attentes et il était injuste d'attendre davantage d'eux. S'il y a erreur, et il y en a, c'est ailleurs qu'il faut la chercher. Maintenant, il faudra aller chercher la victoire au Soudan, mercredi prochain. Ziani et ses coéquipiers le feront sans doute, parce qu'ils en sont capables et parce qu'ils le veulent. Mais ils le feront pour ces millions de quidams sincères qui les aiment. Leur victoire, ils ne la devront surtout pas à ces politiques qui préfèrent une hypothétique fraternité arabo-musulmane, qui s'écrit à coups de caillasses, d'insultes et de ruses malsaines. Dans tous les cas, bravo les Verts!