«Si on joue comme à Khartoum, personne ne nous arrêtera !» Trois jours après l'arrivée des Verts à Luanda, Karim Ziani a accepté de nous ouvrir son cœur en abordant tous les sujets qui concernent l'EN, la CAN et bien sûr l'attaque du bus du Togo. Et comme à son habitude, Ziani le fait avec une grande franchise. * Tout d'abord, dans quelles conditions se déroule la préparation de cette Coupe d'Afrique ? Dans d'excellentes conditions et dans une bonne ambiance. Le fait que les trois blessés, Anthar, Rafik et Mourad, se soient rétablis nous a fait beaucoup de bien. Dommage que Lounès a dû nous quitter de cette façon. Après avoir fait toutes les éliminatoires, on aurait bien aimé qu'il reste avec nous. Mais bon, c'est le mektoub et on lui souhaite un bon rétablissement. * Justement en parlant de Gaouaoui, il a dû être très triste de vous quitter… Tout à fait et nous l'étions nous aussi, car il a dû partir à cause d'une mlaudite appendicite. Vous savez, lorsque Lounès est parti, c'est comme si on s'était séparés d'un memlbre de la famille. Cela prouve encore une fois que nous constituons une famille unie en Equipe nationale. C'est d'ailleurs cela qui nous a permis de combler nos manques sur le terrain et réaliser de bons résultats. * Toute l'Algérie attend le match contre le Malawi. Qu'avez-vous à nous dire à ce sujet ? (il rit) Nous aussi sommes impatients d'y être et nous avons envie d'aborder cette Coupe d'Afrique en force, parce que dans une phase finale, le premier match est toujours important. Si le Mali et l'Angola font match nul (ndlr : entretien réalisé avant ce match) et si on bat le Malawi, on aura assuré la qualification en quarts de finale à 70%. C'est pour cette raison qu'il faudra donner à ce match face au Malawi toute l'importance qu'il mérite. En un mot, il nous faut gagner ce match. * Mais il y aura quand même deux matchs après le Malawi, face à deux grosses cylindrées… Justement, c'est pour cette raison qu'il faudra battre le Malawi à tout prix. On va jouer ce match comme s'il s'agissait d'une finale de Coupe d'Afrique, car si on ne gagne pas ce match, notre situation se compliquera davantage. Pour éviter les calculs, il nous faut commencer la compétition en force. * Après trois jours en Angola, vous êtes-vous adaptés à la chaleur et à l'humidité ? Non, on ne peut pas s'y adapter en trois jours. A notre arrivée, il a fait pourtant très frais, mais le lendemain, la chaleur était insupportable, surtout à l'heure du match. Mais dites-moi, avons-nous un autre choix ? Il nous faut nous adapter à toutes les situations, si on veut aller loin dans cette CAN. * Ne craignez-vous pas que ces conditions n'influent négativement sur votre prestation face au Malawi ? Vous savez, au lieu de penser aux conditions de jeu, on doit penser à nous-mêmes et à la victoire. C'est vrai qu'il y aura beaucoup d'adversité face au Malawi, mais si on est forts mentalement et si on réussit à faire abstraction de tout ça pour nous concentrer sur le match, on pourra gagner et réaliser une bonne Coupe d'Afrique. * Vous-mêmes et beaucoup de vos coéquipiers n'avez jamais disputé une CAN en Afrique noire. N'appréhendez-vous pas ce paramètre ? C'est vrai qu'il n'y a que Mansouri, Saïfi et Raho qui ont déjà joué des Coupes d'Afrique en Afrique noire, mais tout le groupe a déjà joué des éliminatoires partout en Afrique. Ce sont ces matchs-là qui m'ont permis à moi et à tout le groupe d'acquérir suffisamment d'expérience pour aborder cette Coupe d'Afrique sans appréhension aucune. * Que craignez-vous le plus chez l'équipe du Malawi ? L'effet de surprise, surtout. En tant que mondialistes, nous serons attendus par tous, alors que les Malawites n'ont rien à perdre dans ce match. C'est le seul problème, mais si on est dans un bon jour, on ne craindra aucun adversaire. Beaucoup a été dit sur le stage du Castellet et les soi-disant problèmes entre les joueurs. * Que s'est-il passé au juste ? Avant de répondre à votre question, je vais vous dire une chose : les excellents résultats de l'Equipe nationale ont fait des mécontents. Certains ont voulu créer des problèmes là où il n'y en avait pas. D'ailleurs même s'il y avait eu des problèmes entre les joueurs et la fédération, cela devrait rester à l'intérieur du groupe. Ceux qui ont dit que les joueurs pensent plus à leurs intérêts qu'à l'équipe nationale sont des menteurs. Personnellement, je n'accepte jamais d'être accusé de la sorte, car je sais que ce groupe est prêt à tous les sacrifices pour cette Equipe nationale. La meilleure preuve est que beaucoup de joueurs qui font partie de ce groupe répondaient à l'appel de l'équipe nationale, alors que la sélection ne se qualifiait même pas en Coupe d'Afrique. * Vous semblez très touché par ces accusations ? Parce que ce sont des mensonges ! Ce qu'on a vécu après la qualification en Coupe du monde avec le peuple algérien n'a pas de prix. On va répondre à nos détracteurs à notre manière, c'est-à-dire sur le terrain. * En parlant des supporters algériens, vous n'allez sans doute pas bénéficier de leur apport en Angola. Serait-ce un problème ? On aurait aimé jouer devant nos supporters, comme cela a été le cas au Soudan. Mais on savait au départ que les conditions de déplacement n'allaient pas être les mêmes pour le Soudan. L'ont vsait que l'Angol, c'est beaucoup plus loin sans parler de la cherté de la vie. Il faut faire avec, surtout que mis à part l'Angola et à un degré moindre le Mali, toutes les autres équipes ne bénéficieront pas de l'apport de leurs supporters. Il faut apprendre à réaliser de bons résultats, même en l'absence de notre public surtout que cette fois-ci il s'agit d'une phase finale qui est en principe une fête de football. * Une fête de football gâchée par l'attentat contre le bus de l'équipe du Togo… On était sincèrement désolés par ce qui s'est passé. Il s'agit de joueurs de football, ç'aurait pu nous arriver à nous aussi. J'espère que des choses pareilles nne se reproduieront plus dans une fête comme la Coupe d'Afrique * Cette affaire peut-elle influer sur le moral des joueurs algériens ? Je vous mentirais si je vous disais qu'on ne se sent pas concernés. Il y a eu quand même des morts, c'est inadmissible, c'est une honte qu'une équipe venue jouer au football soit victime d'un attentat pour des raisons politiques qui ne la concernent ni de près ni de loin. * Vous n'avez jamais caché votre ambition de gagner carrément le trophée africain. Quelle serait la clé de la réussite selon vous ? La clé de la réussite, c'est de jouer avec le cœur comme nous l'avons fait contre l'Egypte. Si on joue tous nos matchs comme celui de Khartoum, aucune équipe ne pourra nous arrêter. J'espère qu'on ira loin dans ce tournoi, car je suis convaincu qu'à chaque fois qu'on avancera dans la compétition, le nombre des supporters augmentera. Entretien réalisé à Luanda par R. B.