Encore sous le choc, les supporters des Verts nous font part de leurs péripéties. La pilule est dure à avaler. Au lendemain du match du 14 novembre 2009, les citoyens algériens se sont barricadés dans leurs hôtels de crainte de revivre une deuxième fois les représailles des supporters de l'équipe égyptienne. Regroupés à l'hôtel Europa, les blessés ont accepté de témoigner. “Nous sommes restés jusqu'à des heures tardives pour pouvoir sortir du stade. Chaque autobus qui transportait les Algériens a été lapidé, c'est ainsi que je me suis fait cette blessure à la tête”, témoigne Amine, étudiant à l'université d'Oran. Et d'ajouter que face à cette situation qui a dégénéré, les Algériens ont été obligés de faire demi-tour en se réfugiant dans le stade. “Le gouvernement égyptien a promis d'assurer la sécurité aux Algériens, mais rien n'a été fait, la police nous a même lâchés face à un public déchaîné. Et nous étions obligés de réquisitionner une dizaine de policiers le temps d'avertir le consulat. Ce n'est que vers les coups de 4h du matin que nous avons pus sortir du stade”, raconte-t-il. D'une voix toute tremblante et encore sous le choc, Meriem nous raconte son passage à la fouille. “Ma fouille ressemblait à celle des détenus” “Je suis venue de France pour voir l'équipe nationale. Etant étudiante à l'université de Grenoble, j'ai dû faire des économies avec mes amies pour payer mon séjour et une émulation en prime. Je me suis retrouvée à moitié nue dans la cabine du poste de police du stade. Le policier m'a indiqué la cabine destinée aux femmes pour la fouille. Je me suis exécutée en croyant qu'il s'agissait d'une procédure normale de vérification. À l'intérieur, la policière a procédé à la fouille de mon sac à main – en me confisquant mes produits de beauté prétextant qu'ils peuvent servir de projectiles – puis elle m'a demandé de lever les bras pour une fouille corporelle. Subitement, elle change d'avis en exigeant de moi d'enlever mon pull et mes chaussures, comme j'ai refusé, elle m'a bousculée devant une table et elle m'a menacée de le faire. Une fois fait, elles se sont mises à rire aux éclats en me regardant. Ma fouille ressemblait à celle des détenus. Et dire que j'avais une haute opinion de ce pays. Je rentre demain chez moi.” “La police nous a lâchés” Pour Ben Arab Mohamed, directeur des ressources humaines d'une entreprise de BTP de la wilaya de Tizi Ouzou : “Le comportement des Egyptiens est inqualifiable, j'ai vu de la haine dans leurs yeux lorsqu'ils ont lancé des pierres contre nous. À aucun moment, je ne me suis senti en sécurité dans ce pays, la police qui était censée assurer notre sécurité a contribué à cette vindicte populaire en nous lâchant seuls à la fin du match devant une foule déchainée. J'ai vu nos citoyens se faire tabasser.” De son côté, Nemuer Nassim, responsable d'une agence publicitaire affirme : “On a acheté des drapeaux égyptiens pour sauver notre peau.” “Je n'imagine pas ce qu'ils nous auraient fait si nous avions gagné le match. C'est de la folie. On était obligé d'acheter des drapeaux égyptiens pour se faire passer pour des supporters du même camp afin de sauver notre peau. C'était la chasse à l'Algérien et nous étions une cible ambulante. L'agence touristique nous a abandonnés à mi-chemin. Je suis très déçu par ce pays qui se dit Oum Dounia. C'est la dernière fois que je mets les pieds au Caire.”