Le président russe Medvedev a reproché aux dirigeants de Russie unie, le parti de son Premier ministre et néanmoins mentor, Poutine, la mauvaise tenue de certains scrutins lors des élections locales du 11 octobre et leur a conseillé d'apprendre à gagner de manière équitable ! Du sable dans le moteur Medvedev-Poutine ? C'est la première fois que le locataire du Kremlin se permet une telle attaque frontale contre celui qui l'a fait président. En effet, Poutine après avoir rempli un deuxième mandat en qualité de président de la Russie a fait le choix de ne pas bricoler la Constitution malgré les supplications de ses partisans et des autorités russes, a céder, pour ainsi dire, le fauteuil présidentiel à son Premier ministre qu'était Medvedev. La presse avait supputé que ce tour de passe-passe doit permettre à l'ex-maître du Kremlin de reprendre sa place aux prochaines présidentielles. D'autan qu'avant ce tour de prestidigitateur, Poutine avait pris soin de transférer d'importants pour ne pas dire l'essentiel du pouvoir à la primature qu'il occupe après que son parti ait avoir remporté les législatives. Medvedev a pratiquement accusé le parti au pouvoir de Poutine de tricheries, devant son congrès annuel à Saint-Pétersbourg, la ville du Premier ministre, ex-président, affirmant que certaines sections régionales n'avaient pas permis aux électeurs d'exprimer leur volonté. “Les élections, qui doivent être (...) une mise en concurrence d'idées et de programmes, sont parfois transformées en affaires où l'on confond procédures démocratiques et administratives”, a dit le chef de l'Etat russe dans un discours retransmis en direct par la télévision d'Etat. Il faut apprendre à gagner dans des compétitions ouvertes, a poursuivi Medvedev, faisant ainsi le procès de la démocratie made in Russie. Et le paradoxe est qu'au moment où le président Russe assénait ces vérités, à proximité de la salle où se tenait le congrès, la police a interpellé des membres des Nationaux Bolchéviques, un petit mouvement d'opposition interdit, qui manifestaient en demandant à Medvedev de dissoudre le gouvernement du Premier ministre Vladimir Poutine. Alors, faut-il croire le patron de ce parti d'opposition lorsqu'il dit : “Nous aimons les slogans de Medvedev sur la nécessité de modernisation dans le pays, la nécessité de changement (...) mais ce ne sont que des mots”! Russie unie, dirigé par Poutine, l'a emporté haut la main sur les partis d'opposition aux élections régionales qui se sont tenues en octobre dans la majeure partie du pays. Ses détracteurs ont affirmé que le vote avait été entaché par diverses irrégularités : votes multiples, dépouillements sujets à caution et obstructions aux campagnes des candidats de l'opposition, mais les autorités électorales ont rejeté ces critiques et Medvedev avait à l'époque félicité les vainqueurs. Devant son mentor Medvedev a déclaré que le parti n'était qu'un instrument, un moyen mais pas une fin et par conséquent, il ne doit pas vieillir, ne pas se déconnecter de la vie et de son propre électorat. Pendant qu'il parlait, Poutine feuilletait des documents et bavardait avec le chef du groupe parlementaire de Russie unie Boris Gryzlov.