Un deuxième mandat pour le président Medvedev ou le retour de Poutine, actuel Premier ministre ? Les deux hommes pourraient se retrouver en concurrence pour la prochaine présidentielle en Russie. Le président russe Dmitri Medvedev a indiqué dans une interview diffusée samedi qu'il pourrait être candidat à sa réélection en 2012, alors que les spéculations vont bon train sur un projet de retour au Kremlin de son prédécesseur Vladimir Poutine. Fin 2009, Vladimir Poutine, qui a maintenu la grande émission télévisée du temps où il occupait le Kremlin, et durant laquelle il répondait aux questions de ses concitoyens durant quatre heures, n'a pas laissé planer le doute, il était partant pour 2012. À cette date, a-t-il souligné, j'aurais 62 ans et je ne songe pas partir à la retraite. L'émission annuelle intitulée “Conversation avec Vladimir Poutine” n'a pas été supprimée bien qu'il ne soit que le Premier ministre. Dans la foulée, l'ex-président russe n'a pas cessé de démentir toute tension avec son successeur à la Maison Blanche (le nom de la résidence du président au Kremlin). À peine quelques minutes après la fin du show télévisé, Medvedev devait répliquer. “Le Premier ministre Poutine a dit qu'il n'excluait pas cette possibilité. Je dis aussi que je ne l'exclus pas”, a-t-il lancé lors d'une conférence de presse à Rome, où il était en visite, avec Silvio Berlusconi, le Premier ministre italien. Vladimir Poutine a dû apprécier. Medvedev a, en effet, fini par prendre goût au pouvoir et il ne s'en est pas caché. Plus on se rapproche de 20012, plus il se fait critique à l'égard de la politique de Poutine. Par exemple, il ne s'embarrasse plus pour prôner des transformations dans le sens d'une plus profonde démocratisation du pays et d'une libéralisation plus soutenue, faisant état de son désaccord sur le retour du tout-Etat que réinstaure son premier ministre à grands pas. Medvedev a accédé à la présidence en 2008 après deux mandats consécutifs de Poutine, le maximum autorisé par la Constitution russe. Entre parenthèses, Poutine aurait pu tripatouiller la Constitution pour rester au Kremlin. Il avait la popularité et il ne l'a pas fait pour ne pas toucher aux équilibres institutionnels de son pays. En outre, il avait pensé sérieusement que Medvedev, qu'il a adoubé, lui cédera le fauteuil à la fin de son mandat. Pour beaucoup d'observateurs, Medvedev n'était qu'une marionnette censée garder le fauteuil du Kremlin bien au chaud pour son mentor. Certains pensaient même qu'il pourrait démissionner avant 2012 pour qu'un scrutin anticipé permette le retour de Poutine le plus tôt possible. Petit à petit, ce scénario a pris l'eau. Medvedev semble en effet avoir pris goût à son rôle de président. Et rien n'indique qu'il entend le redonner à Poutine. Il semble aujourd'hui avoir la carrure pour contrecarrer les plans de Poutine. Ce qui n'était pas gagné en 2009. Les sommets internationaux entraînés par la crise économique mondiale ont permis au discret et peu charismatique Medvedev de prendre sa place parmi les grands de ce monde. Contraste saisissant et pas si anecdotique que cela, lors de son passage à Paris, Poutine n'a lui pu rencontrer Nicolas Sarkozy, alors en visite en Amérique du Sud, mais seulement son homologue français, François Fillon. Nul doute qu'il en faudra toutefois davantage pour désarçonner l'ancien du KGB, qui, durant ses huit années au Kremlin, a façonné à sa main le plus grand pays du monde. Mais les faits sont parfois têtus. Le tandem pensé par l'ex-patron des services russes n'a pas tenu jusqu'au bout. Poutine a-t-il oublié que la pratique du pouvoir dans son pays montre que le président s'est toujours imposé. La guerre a-t-elle commencé entre Poutine et son élève ?