A la faveur de l'amélioration sensible de la desserte en eau potable depuis le 1er août dernier, date de la mise en service partielle du complexe hydraulique du MAO (Mostaganem-Arzew-Oran), l'unité locale de l'ADE (Algérienne des eaux) durcit le ton avec sa clientèle, notamment celle de mauvaise réputation, quant au recouvrement des créances, dont la charge semble peser lourdement sur le budget de l'entreprise. Des créances, dont une grosse partie a été héritée de la “défunte'' EGEMO, l'entreprise de wilaya phagocytée par l'ADE en 2007, qui s'accumulent depuis le début de la décennie, et qui culminent à ce jour au-delà des 71 milliards de centimes. “L'Etat a consenti le plus grand effort de mobiliser et ramener l'eau jusqu'au foyer du citoyen, alors qu'il soit compréhensif et qu'il contribue au soutien de l'économie nationale en payant sa facture d'eau. Qu'il comprenne que 42% de cette note de l'eau sont destinés à l'Etat qui en alimente le fonds national de l'eau !'', soutient le directeur de l'hydraulique de la wilaya, à l'adresse des mauvais payeurs. Ainsi, tire-t-on la sonnette de l'alarme au niveau de l'unité de wilaya de l'ADE, qui désormais, procède par des mises en demeure, des recours aux tribunaux, des coupures d'eau et même l'enlèvement des compteurs, sans abandonner, néanmoins, la solution de l'amiable, ayant jusque-là prouvé ses limites. Alors que la moitié de ces créances est redevable aux abonnés dits ordinaires, ou ménages particuliers en l'occurrence, l'autre moitié demeure à l'actif des administrations, collectivités locales et autres entreprises utilisatrices de l'eau potable et industrielle. Afin de stimuler le recouvrement, les abonnés ordinaires dont les dettes dépassent le million de centimes ont latitude de s'en acquitter par tranches, suivant un calendrier convenu et arrêté par les deux parties. Il convient de relever que si ces créances ont atteint un aussi haut plafond, la “faute'' relève en partie à cette entreprise. En effet, de longues années durant, la facturation de l'eau était établie au forfait : estimé actuellement à 4% des montants à recouvrir, le forfait portait sur 26 % des factures établies en 2007. Une proportion qui était nettement plus importante au titre des années antérieures à ce dernier exercice. Non dotés de compteurs, la plupart des abonnés ordinaires rejetaient cette formule de facturation jugée injuste et arbitraire. Abstraction faite des fuites d'eau, estimées à un certain taux “jugé'' normal, et des usagers qui par des recours techniques et frauduleux, usaient et abusaient de quantités énormes, tous les foyers d'une agglomération donnée étaient soumis à la facturation “équitable'' de toute l'eau sortie du réservoir censé alimenter cette population. Alors que l'eau était aléatoirement distribuée, celui qui n'en disposait même pas pour boire, faute d'équipement en puissants moteurs, était contraint au même tarif que celui qui se permettait d'en faire du jardinage ! À partir de là, les créances ont commencé à s'accumuler et s'alourdir. Tous les foyers n'étaient pas dotés de compteurs, et il était impossible de couper l'eau à l'abonné qui ne s'acquitte pas de sa facture, sans en priver le “bon'' client. Une solution qui n'est plus de mise du moment que l'ADE a entrepris des branchements avec vannes d'arrêt individuels pour chaque ménage. Une entreprise à la faveur de laquelle l'ADE a substantiellement étendu son réseau d'abonnés, passés en peu de temps, de 50 000 ménages à 75 200 foyers dotés de compteurs, répartis à travers 28 communes parmi les 32 communes que compte la wilaya. 12 000 compteurs ont été installés durant l'année 2008. Cette année, on en est à 5 400. Un effort louable qui concourt à l'abandon de la facturation forfaitaire, particulièrement contestable et discutable.