Dépossédé du précieux soutien, que représentaient ses fils Oudaï et Qoussaï, le président irakien déchu a peu de chances d'échapper à l'étau qui se resserre autour de lui. Il est traqué partout par les soldats américains, qui s'appuieraient dans leurs recherches sur un nombre important d'informations fournies par les Irakiens alléchés par l'appât de la mirobolante prime : vingt-cinq millions de dollars. A en croire les responsables américains en Irak, la chute de Saddam Hussein n'est qu'une question de jours. Les informateurs sur les faits et gestes du président déchu sont devenus légion, semble-t-il. Mais les informations ne sont toujours pas fiables au vu des résultats obtenus jusque-là. Saddam est annoncé un peu partout à travers le territoire irakien, notamment à Bagdad et dans son fief, Tikrit. Les Américains ont tout de même réussi à perturber la quiétude de l'ex-maître de Bagdad, obligé désormais de changer de résidence plus vite qu'auparavant. Selon un haut responsable du département des affaires étrangères us, “Saddam Hussein n'est pas Ben Laden”, il ne pourra pas résister longtemps aux rudes conditions de sa nouvelle vie car habitué à la luxure. D'ailleurs, ajoute le même interlocuteur, les forces américaines l'ont raté de quelques heures seulement à Tikrit, alors qu'elles inspectaient trois fermes où il se trouvait, selon des informateurs. Au vu des résultats probants, concrétisés par la mort de Oudaï et Qoussaï à Mossoul et l'arrestation de treize des gardes du corps de Saddam Hussein à Tikrit, toute information est prise au sérieux et vérifiée par l'armée US. Une force spéciale nommée ”Iron Horse”, a été créée à l'effet de débusquer le dictateur en fuite et ses partisans. Sa mort ou son arrestation atoppera , selon les Américains, les actions de guérilla, qui ont coûté la vie à une cinquantaine de leurs soldats depuis le premier du mois dernier, date de la proclamation par George Bush de la fin de la guerre. Ayant l'avantage de connaître le terrain, Saddam profite de l'aide de ses partisans pour tenter de déjouer les plans de ses ennemis. Sa survie est tributaire du soutien de ses proches. Pour l'instant, et en dépit de toutes les sources d'informations, les forces US ne parviennent pas encore à localiser la région où il se réfugie. Leur raid de dimanche sur une maison du quartier Mansour de Bagdad qui a coûté la vie à cinq civils irakiens, où était censé se trouver Saddam, et leurs offensives sur tout ce qui a une relation avec lui, montrent que le moindre indice est pris en considération. En attendant de mettre la main sur lui, les militaires américains multiplient les bavures et exacerbent le sentiment d'hostilité à leur égard des Irakiens. Dans le cadre de la résistance, un autre mouvement a vu le jour. Il s'agit du groupe salafiste des moudjahidine qui a annoncé dans un enregistrement vidéo diffusé par une chaîne de télévision arabe basée à Doha (Qatar), son engagement dans le combat contre les forces d'occupation. Hier, à l'aube, les soldats US ont capturé au cours de leurs raids à Tikrit, quatre partisans du président déchu, dont un de ses gardes du corps. K. A. Richard Armitage “Saddam plutôt mort que vif” Le secrétaire d'Etat adjoint américain, Richard Armitage, a estimé, lundi soir sur la chaîne de télévision CNN, qu'il ne fallait pas hésiter à tuer l'ancien président irakien, Saddam Hussein, si sa capture présentait un danger pour la vie des militaires américains. “Si Saddam Hussein pouvait être capturé en toute sécurité sans présenter un quelconque danger pour le personnel américain, cela serait parfait”, a-t-il déclaré. “Mais si sa capture présentait un danger, alors il faudrait le tuer”, a-t-il ajouté. Le secrétaire d'Etat adjoint est le deuxième haut responsable américain à se prononcer en moins d'une semaine sur l'intention des Etats-Unis de se débarrasser du dictateur irakien. Le secrétaire à la Défense américain, Donald Rumsfeld, lui-même, avait déclaré, mercredi dernier au Congrès, que les responsables du Pentagone avaient laissé à leurs commandants, responsables sur le terrain, le choix de capturer morts ou vifs les leaders irakiens.