Hier, un vent de panique régnait sur la nouvelle ville Ali-Mendjeli dans la banlieue de Constantine suite à l'information, relayée par la presse locale, sur la fermeture d'un CEM dans la cité, après recensement de plusieurs cas de grippe porcine chez les élèves. Avant de prendre la route vers Ali-Mendjeli, à 20 kilomètres de Constantine-ville, les nouvelles qui nous parvenaient de cette cité dortoir étaient alarmistes : classes fermées, périmètre de sécurité bouclé par des policiers en faction, riverains cloîtrés chez eux… Il fallait se rendre sur place et voir de près de quoi il ressort. Il était 10 heures quand nous sommes arrivés devant le portail de l'école de l'enseignement moyen Hmimid. Aux alentours, aucun signe de la scène apocalyptique décrite de bouche à oreille depuis la veille à la cité des Sept Ponts n'est visible. Les badauds vaquaient normalement à leurs occupations quotidiennes et aucun policier n'était en faction devant l'entrée de ladite école. À l'intérieur, les élèves étaient dans les classes, les uns poursuivant les cours, les autres en plein examen. “Les fausses informations d'hier ont créé un climat de psychose chez les enseignants, les élèves et les parents. Ce matin, la majorité des élèves sont venus avec des bavettes. Jusqu'à hier, on avait une seule élève qui présentait des symptômes cliniques de la grippe saisonnière, elle toussait. Conditionné par la rumeur, son enseignant a paniqué, ce qui nous a poussé à la renvoyer chez elle pour trois jours. Ses parents viennent de nous appeler, à l'instant, pour nous rassurer sur son cas, les médecins n'ont diagnostiqué qu'une grippe saisonnière”, explique un cadre de l'école. Sur place, on a pu constater que les élèves se lavent les mains avec du savon liquide. “La mesure est opérationnelle depuis quelques jours et tous les élèves ont été examinés par les médecins de l'UDS la semaine passée dans le cadre des contrôles médicaux périodiques”, explique un surveillant. Les rumeurs ont eu un impact sur l'ensemble des établissements scolaires de la nouvelle ville, comme c'est le cas à l'école primaire II. Ici, si les élèves sont en plein examen, selon un des gestionnaires, “depuis mardi, les enfants sont accompagnés par les parents. Ces derniers, par mesures préventives, scrutent le reste des élèves à la recherche du moindre signe de contamination pour rebrousser chemin avec leurs enfants”, continue notre interlocuteur. Sur le chemin du retour à Constantine, un élève de 5e année primaire, portant une bavette, s'apprêtait à entrer dans une pharmacie en compagnie de trois autres camarades. “Je viens leur indiquer où j'ai acheté ma bavette”, nous explique l'écolier, résumant, ainsi, l'ampleur de la panique. À Sétif, une petite fille âgée de neuf ans a succombé, avant-hier, au virus A/H1N1 au niveau du CHU Saâdna-Abdennour. Toujours à Sétif, trois classes de deux lycées, étaient, hier, toujours fermées et une vingtaine de cas suspects sont en observation en milieu hospitalier. À Bordj Bou-Arréridj, dès qu'une personne enrhumée passe, on se croit déjà atteint de la grippe. Ce n'est justement pas la grippe classique qui inspire tant de terreur, mais la peur de contracter la grippe A/H1N1 qui pousse beaucoup de gens à la paranoïa. Ainsi, les établissements scolaires à l'échelle de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj ont reçu des renseignements mis à jour qui les aideront à prévenir les maladies, à reconnaître les symptômes du virus et à comprendre l'importance d'établir une bonne communication entre les responsables de la santé publique et les parents. Les trousses d'information à l'intention des écoles au sujet de la grippe A/H1N1, préparées par les ministères de l'Education, de la Santé de la Population et de la Réforme hospitalière et de l'Intérieur (instruction interministérielle n° 1018 du 09 novembre 2009, relative au dispositif de prévention et de prise en charge de la grippe A/H1N1 en milieu scolaire), offrent également des conseils sur les mesures à prendre si les enfants et le personnel tombent malades pendant qu'ils sont à l'école. “Les ressources d'information que nous offrons aux écoles les sensibiliseront davantage et fourniront des conseils importants qui aideront les familles et le personnel de l'école à réduire le risque de maladie”, a expliqué le secrétaire général de l'éducation de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, Hamimid Rabie. Ce dernier demande aux écoles de surveiller les niveaux inhabituels d'absentéisme chez le personnel et les élèves et de les signaler aux responsables de la santé publique, et aussi de s'assurer que des mesures efficaces sont en place pour prévenir les maladies. Il encourage le personnel et les élèves à adopter de bonnes pratiques d'hygiène pour ce qui a trait du lavage des mains, à la toux et aux éternuements. Les écoles sont priés de nettoyer plus fréquemment les claviers des ordinateurs, les pupitres, les téléphones, les articles de sport, les rampes et les poignées de porte. “Tout le monde a travaillé très fort pour s'assurer que nous sommes prêts, dans la mesure du possible. Nous devons continuer de travailler ensemble et d'être vigilants pour nous assurer de minimiser l'impact de ce virus sur nos écoles”, a ajouté notre interlocuteur. “La santé et la sécurité de nos élèves et de notre personnel sont notre principale priorité.” “Ne pas dramatiser et ne pas banaliser” mais encourager les élèves à prendre des précautions pour prévenir les maladies. Notons qu'un dispositif de veille et de suivi a été mis en place dans 15 localités aux quatre coins de la wilaya. Des médecins, des spécialistes de la santé et des enseignants veillent à ce que toutes les consignes soient appliquées.