Si le risque sismique qui pèse sur le nord de l'Algérie est une réalité indéniable, il n'implique pas encore le respect des règles parasismiques nationales par tous ceux concernés par la conception, le calcul et la réalisation d'un édifice en zone sismique. C'est une des conclusions qui s'est dégagée, hier, au centre de thalassothérapie de Sidi-Fredj, lors de la seconde et dernière journée de l'atelier relatif à la “qualité des matériaux dans la construction parasismique”. Une conclusion qui, à son tour, renvoie à la nécessité du renforcement du travail de sensibilisation, de vulgarisation des textes et de surveillance. La rencontre, organisée par le groupement “Bâtir”, un groupement circonstanciel formé par l'entreprise privée Best Immobilier, le Centre national de recherche appliquée en génie parasismique (CGS) et le Centre national d'études et de recherches intégrées en bâtiment (Cnerib), s'est également distinguée par la table ronde consacrée aux systèmes et procédés constructifs. Dans ce cadre, il a beaucoup été question du procédé de la maçonnerie chaînée (MPC), à base de brique ou de pierre naturelle, qui fait donc appel à “des matériaux de construction traditionnels” et qui est utilisé par Best Immobilier. Pour les représentants du CGS et du Cnerib, la MPC doit être “développée” en Algérie, voire même “modernisée”, d'autant qu'elle présente des avantages, notamment la résistance aux séismes et l'isolation thermique. Sans oublier son côté économique en comparaison avec les procédés à base de béton armé. Dans son guide de construction parasismique des maisons individuelles et des bâtiments assimilés, le CGS consacre un chapitre à la maçonnerie porteuse et apporte sa touche, pour ce qui est de l'application des règles parasismiques algériennes (RPA). Le même organisme étatique a, en outre, produit un autre document intitulé “RPA 99, version 2003”, qui a été approuvé par la tutelle (ministère de l'Habitat). Un document intégrant “les premiers enseignements” tirés du séisme du 21 mai 2003 et visant essentiellement la protection des vies humaines par, entre autres, la limitation des “systèmes constructifs”. Lors du débat, le représentant du CGS, M. Lazougui, a convenu que “plus une construction est légère, moins elle est sollicitée par le séisme”. Il a cependant reconnu qu'en Algérie, “la filière reine est celle du béton”, en précisant plus loin : “Les autorités essayent, mais difficilement, d'asseoir l'utilisation des matériaux locaux, qui s'intègrent sans la maçonnerie porteuse chaînée.” Selon lui, un pays comme l'Allemagne, qui construit pourtant des édifices modernes à plusieurs niveaux (étages), recourt à “plus de 50% de construction en brique silico-calcaire”. Par ailleurs, M. Lazougui a rassuré les bénéficiaires de logements AADL qui, outre le nombre d'étages, craignent que la construction située en zone sismique ne résistera pas aux fortes secousses telluriques. “Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles”, a-t-il déclaré, en justifiant cela par la présence de “murs en béton armé” ou celle des “3 voiles”, dont 2 posés horizontalement et un verticalement. Il y a lieu de noter que les recommandations de cet atelier, le premier d'une série de rencontres, seront remises aux autorités publiques, principalement au ministère de l'Habitat. Sauf changement dans le programme, le prochain atelier aura lieu en mars 2010 et portera sur la thématique de “l'isolation thermique et l'économie d'énergie dans l'habitation”.