“Si en ce qui concerne la ratification des traités et des conventions internationaux relatifs aux droits de l'Homme, l'Algérie est en avance même par rapport à certains pays européens, en matière de pratique des droits de l'Homme notre pays accuse encore un énorme retard”, a estimé Me Taleb Tahar, enseignant à la faculté de droit de l'université Mouloud-Mammeri, hier au cours d'une conférence-débat organisée à Tizi Ouzou, à l'occasion de la célébration du 61e anniversaire de la proclamation de la déclaration universelle des droits de l'Homme. Pour le conférencier, cela découle du fait que “l'Algérie, tout comme de nombreux pays, a ratifié la grande partie, si ce n'est la totalité, des traités et conventions simplement pour donner une image d'un pays qui est, sur le plan des droits de l'Homme, conforme aux standards universels, alors qu'il ne suffit pas juste de ratifier toutes les conventions pour que les droits de l'Homme deviennent concrets”. Pour étayer ses propos, Me Taleb explique qu'en réalité la ratification des conventions internationales passe nécessairement par la publication de son contenu et des réserves émises par l'Algérie dans le Journal officiel, mais malheureusement ceci ne se fait plus, sinon avec un retard considérable. Ce qui se répercute négativement donc, a-t-il expliqué, sur la production, au plan national, de lois permettant de se référer à ces conventions et traités internationaux. L'application de ces textes, a relevé toutefois le conférencier, n'engage pas seulement la responsabilité des pouvoirs publics, mais aussi des avocats et de la société civile qui peuvent les faire valoir surtout que depuis 1989 le Conseil constitutionnel a adopté le principe de la suprématie des traités internationaux sur la loi nationale. Au cours d'une seconde communication consacrée aux libertés syndicales, le secrétaire général du Satef, M. Sadali Mohand Oussalem, s'est largement étalé sur les entraves rencontrées dans l'exercice du syndicalisme en Algérie où les pouvoirs publics n'autorisent que la création de syndicats sectoriels pour maintenir l'UGTA, bras syndical du pouvoir, comme seule force représentative des travailleurs, et ce, tout en domestiquant certains autres syndicats et en poussant d'autres encore, les récalcitrants d'entre eux, presque à la clandestinité. Tout ceci s'opère, regrette Sadali, au moment où tous les ingrédients de l'explosion, à savoir le chômage, la crise du logement, l'encouragement de la culture de l'émeute, auxquels s'ajoutent l'obstruction de la voie pacifique, l'octroi de primes à la violence, l'élimination de la couche moyenne, sont réunis. Lors de son intervention, Khelil Abdelmoumen, secrétaire général de la Ligue de défense des droits de l'Homme, a préféré revenir sur le phénomène des harragas et la nouvelle fibre nationaliste impulsée par la victoire de l'équipe nationale sur l'Egypte. “Cette victoire a permis à l'Algérien de retrouver son algérianité et sa fierté d'appartenir à l'Algérie. C'est un événement qui démontre que ce ne sont jamais les jeunes qui ont tort, mais plutôt les gouvernants qui n'ont jamais su leur donner de l'espoir, se contentant de les stigmatiser.” Pour le conférencier, “cette victoire constitue un déclic intéressant à analyser mais, ajoutera-t-il, la question de comment capitaliser ce sentiment de fierté d'appartenir à l'Algérie reste entièrement posée”.