La dynamique du développement économique, que vit présentement l'Algérie, n'a pas été sans incidences sur la mobilité des biens et des personnes sur l'ensemble du territoire national. Les infrastructures routières traditionnelles (RN) n'ont pas suivi le rythme du mouvement d'ensemble et de ce fait, leur capacité d'absorption du trafic routier a atteint ses limites. La quasi-totalité des routes nationales, de wilaya et communales, notamment dans les régions à forte densité de populations telles que le nord du pays, ainsi que les Haut-Plateaux sont saturées et cela n'est pas le fait du hasard si la fréquence des accidents de la circulation y est la plus forte. Face à ces besoins croissants, amplifiés par l'accélération des échanges économiques et commerciaux interrégions, de grands projets de réalisation d'infrastructures de base, parmi lesquelles bien évidemment la densification du réseau routier et autoroutier, ont été lancés par les pouvoirs publics. L'autoroute Est-Ouest, longue de 1 200 km et nécessitant une enveloppe financière d'environ 18 milliards de dollars US. La rocade des Hauts-Plateaux dont les études sont achevées et dont les travaux de réalisation devront débuter incessamment, de même que la ceinture sud, toute cette dynamique d'intégration économique et sociale, nationale et régionale dont les retombées en termes de consolidation de l'unité nationale et de la résorption des disparités régionales constituent sans conteste, l'un des acquis les plus notables de l'Algérie moderne post-indépendante. Alors faut-il pour autant s'attendre à une diminution des accidents meurtriers que connaissent nos routes une fois ces projets d'envergure nationale menés à terme ? À l'évidence la question mérite d'être posée dans la mesure où les spécialistes, de même que les services de sécurité routière — gendarmerie et police — tout en intégrant le paramètre “état des routes” comme l'un des facteurs favorisant les accidents, expliquent également l'hécatombe que connaît notre pays par d'autres raisons telles que le non-respect du code de la route, l'excès de vitesse, l'absence de civisme, les défaillances mécaniques… En revanche, la fluidité du trafic routier sur les grands axes connaîtra vraisemblablement une nette amélioration. La circulation dans les grands centres urbains, quant à elle, renvoie à une problématique plus complexe et dépend de facteurs multiples à l'instar des grandes capitales du monde. Les grandes villes algériennes croulent sous le poids de la “concentration des populations” et celui de l'anarchie du développement urbanistique. Les réseaux routiers de par l'exiguïté des assiettes foncières et des limites imposées par les espaces bâtis sont demeurés les mêmes et généralement hérités de la période coloniale, alors que le nombre des habitants dans ces villes a, au minimum, doublé et dans certains cas quadruplé. Par ailleurs, l'explosion du parc véhicules due au recours massif aux crédits automobile avant que la loi de finances complémentaire n'y mette fin, conjuguée à l'insuffisance et l'inadaptation des plans de circulation urbaine, ont rendu la fluidité de la circulation quasi impossible. Aggravée en cela par l'insuffisance des aires de stationnement ainsi que l'anarchie des transporteurs privés, souvent à l'origine d'accidents mortels. Des solutions casse-tête des citadins sont en voie d'être mises en place avec l'entrée en fonctionnement du métro d'Alger, du tramway et de projets similaires dans d'autres grandes villes du pays. La stratégie du développement du transport des voyageurs, telle qu'elle se dessine, semble privilégier les transports en commun, il est grand temps.