La première édition du Festival culturel national du théâtre amazigh de Batna continue à drainer son public et à enregistrer des succès. Les pièces théâtrales présentées durant ces cinq premiers jours continuent non seulement à être distractives et divertissantes, mais elles servent également d'outils permettant à mieux comprendre le quotidiens aussi pénible soit-il. Dimanche, c'était l'Atelier des arts dramatiques de Tamanrassat de présenter Tamenhayet (en face du miroir) ; le texte est de Fertouni Mouloud, alors que la mise en scène est signée par Azzouz Abdelkader. Cette pièce est composée de cinq tableaux retraçant l'histoire d'une jeune fille dont la famille veut la marier malgré son refus. Elle obtient son bac, ce qui représente pour elle un sursis. Elle va à Alger pour ses études. C'est la rupture. Une vie nouvelle commence. De nouvelles découvertes. Des périples. À la fin de ses études, elle retourne chez-elle. Une fête est organisée, pas celle de sa réussite, mais celle de son mariage. C'est sur une scène de tristesse que la pièce se termine, ne suggérant aucune réponse, laissant le choix au spectateur de réfléchir, de méditer, de participer à trouver la solution adéquate. Alors qu'il était un coup d'essai, il devient un coup de maître. Lundi, c'était une journée marathonienne. Des ateliers de formation sur la mise en scène ont été organisés la matinée à l'hôtel Chelia. L'après-midi de cette journée a été consacrée aux représentations théâtrales à la maison de la Culture Mohamed-Laïd-Al-Khalifa : Mèsèl El-Kheir Arth Zed'th, de l'association culturelle de Youcef-Oukaci de Tizi Ouzou, et Boulamhayen Isrouh Ayen Yalane, de la troupe d'Assirem de Boumerdès. En soirée, c'est le Dernier ferme la porte, l'asile est complet, du Théâtre régional d'Oran, texte et mise en scène par Djamel Benaouf, que le public a eu à découvrir. C'est l'histoire des morts qui sortent de leur tombe une fois la nuit tombée pour profiter de l'absence de Si H'mida, le veilleur sur le cimetière, et apparaître en plein jour à la recherche de leur liberté. Si H'mida sera déçu en apprenant la chose. Cachant sa colère, il a pris une sage décision : les inviter à sortir de leur tombe et à aller vivre tels des fantômes et voir ce qui reste des habitudes de ce bas monde. Contact avec le monde d'aujourd'hui et découvertes ! Les péripéties s'enchaînent. Désillusions… Si les pièces présentées n'ont pas accordé beaucoup d'attention aux ornements du théâtre, du texte, des décors, des costumes et de l'éclairage — certainement à cause des moyens limités —, elles continuent cependant à procéder à l'utilisation de moyens d'expression locaux tels que la danse et le chant. Le théâtre amazigh a beaucoup misé sur l'idée que sur le geste. La plupart des pièces théâtrales ont exposé les problèmes sociaux et culturels auxquels fait face le peuple algérien, mais l'analyse n'est pas osée.