Mme Fouzia Aït El Hadj a montré son bonheur d'avoir pu, elle et son équipe, assurer la réussite d'un tel événement, en dépit de toutes les difficultés. Les premières journées du théâtre maghrébin d'expression amazighe ont été clôturées mardi après-midi avec un sentiment de satisfaction et du devoir accompli. Ce qui était appréhendé plus que tout n'a finalement pas eu lieu. En effet, le public était extrêmement nombreux. Aucune pièce de théâtre n'a vu la défection du public tiziouzéen. Même les pièces jouées dans les autres variantes du berbère (à savoir marocain et chaoui) ont été marquées par la présence d'un public impressionnant. Le festival a été clôturé par Mme Fouzia Aït El Hadj qui a montré son bonheur d'avoir pu, elle et toute son équipe, réussir une telle première en dépit de toutes les difficultés qui peuvent émailler une telle activité. «Nous sommes très heureux de dire que ces premières journées ont été une réussite mais toute chose a une fin. Nous pensons déjà aux prochaines éditions», a affirmé Fouzia Aït El Hadj dans une salle archicomble. Présent tout au long du festival, le comédien Saïd Hilmi était ému au moment de la clôture. Il est monté sur scène et, les larmes aux yeux, il s'est exclamé: «Je suis vraiment heureux d'assister à un tel événement culturel historique. Qui aurait dit que le théâtre amazigh allait exister. Qui aurait pu prédire qu'un jour l'Etat algérien organiserait un festival de théâtre d'expression amazighe». Saïd Hilmi est revenu sur les années où même parler en berbère pouvait attirer des reproches. Il a cité le nom de l'actuel directeur de la chaîne de télévision berbère, la 4, avec lequel il a partagé des moments dans le milieu du théâtre en kabyle, qui était à l'époque une activité clandestine. C'est dire l'importance et l'historicité de ces premières journées du théâtre d'expression amazighe. Une importance relayée par une équipe très importante de la chaîne de télévision amazighe qui a mobilisé de gros moyens afin d'immortaliser l'ensemble des productions théâtrales en tamazight. Rien que dans la grande salle de spectacle, pas moins de cinq caméras professionnelles et une dizaine de techniciens ont été mobilisés depuis le premier jour. L'objectif, c'est d'emmagasiner, pour la première fois dans l'histoire, et de manière professionnelle, une matière théâtrale qui servira à enrichir la discographie amazighe. Le résultat, les téléspectateurs ne tarderont pas à le voir sur leur petit écran, car dans quelques jours, il sera procédé à la diffusion de l'ensemble des pièces théâtrales présentées lors de ce festival ainsi que des monologues. Après avoir fait l'objet de rejet et d'interdiction durant des décennies, l'adaptateur de talent Mohia aura droit de cité dans les institutions publiques. Ainsi, l'une des pièces phares qu'il a traduites, à savoir Sinistri a été filmée et sera diffusée par la chaîne publique Entv dans sa version berbère. D'autres pièces de qualité seront aussi au menu comme, Business is Business de Fouzia Aït El Hadj, directrice du Théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi Ouzou, et interprétée par une équipe de cette dernière. Aussi, les deux pièces marocaines, d'autres de Batna, Sétif, Oran, Béjaïa seront au menu. Le Festival de théâtre professionnel a permis à tamazight d'effectuer un pas de géant en matière d'avancée concrète. Cette première édition a récolté des succès énormes malgré la faiblesse de la production théâtrale en tamazight et le peu de scénaristes en la matière. Mais l'acquis qui mérite d'être relevé est sans doute l'affluence du public. Les Tiziouzéens, n'étant pas accoutumés à ce genre de manifestations, il était fort à craindre une désertion de sa part. Le fait qu'il soit présent et avec force est un signe que l'espoir est vraiment permis et que le théâtre d'expression amazighe a encore de beaux jours devant lui.