Les locataires de la cité Les-deux-frères-Chertioua, située à la sortie ouest de la ville de Mila, continuent de pâtir des conditions de vie inhumaines. Ce sont quatre-vingt-huit familles à évoluer, depuis des décennies, dans un environnement particulièrement hostile, endurant au quotidien toutes sortes de misères. Casées à titre provisoire en 1985, en tant que sinistrés des inondations qui ont dévasté, cette année-là, leurs demeures à Sidi Bouyahia et à la ferme Boussouf, les familles concernées se retrouvent, 25 ans après, livrées à elles-mêmes. Les cubes en tôle et en amiante qui leur servent de logis ont fini par tomber en miette, leur durée de vie maximale étant d'une dizaine d'années, selon une expertise des services de la DLEP, sans parler de l'environnement de la cité que se partagent les rodeurs, les chiens errants et les rats. En effet, une virée sur les lieux nous a permis de voir de près les conditions cauchemardesques qui sont les leurs et de sonder la révolte que petits et grands nourrissent en sourdine. À en croire L. Bouarroudj, président de l'association En-Nasr, qui défend les intérêts des locataires de la cité, il prévaut une insécurité totale sur les lieux. “Les chiens errants et les rats qui infestent le coin passent la nuit parmi les locataires, tellement les baraques où nous vivons sont désarticulées de partout, alors que le propriétaire, l'OPGI en l'occurrence, continue de nous interdire toute opération de réparation, on ne sait pour quelle raison”, dit-il. Et d'ajouter : “Je suis incapable de dire exactement combien de fois j'ai surpris des rats dans mes draps et des chiens errants sous mon sommier, ni combien de nuits j'ai été réveillé par les gouttes de pluie qui s'infiltrent par le toit défoncé !” S'agissant des dangers et des incidences de l'amiante sur la santé de la population de la cité, notre interlocuteur affirme que pas moins de huit cas de cancer ont été enregistrés alors que le reste des locataires vit avec la peur au ventre, sachant tous les risques inhérents à ce matériau cancérigène, banni sous d'autres cieux. Ce qui est de l'environnement de la cité, il se passe franchement de tout commentaire. On se croirait facilement en rase campagne plutôt qu'à un jet de pierre d'un grand centre urbain. Figurez-vous qu'aucun accès digne de ce nom n'existe en direction de la cité. Aussi, en temps pluvieux, les riverains doivent paver les passages vers la RN 27 qui passe tout près, au moyen de pierres et de bidons pour se frayer un chemin, un exercice encore plus dur pour les petits écoliers qui quittent chaque matin ce sinistre endroit pour aller à l'école.