RESUME : Après son passage à l'hôpital, Djamel est plus ou moins rassuré sur l'état de sa femme et de sa petite fille. Il rentre chez lui pour appeler ses beaux-parents et les mettre au courant. Il leur propose de les accompagner à l'hôpital pour voir Samia. Mais sa mère veut y aller aussi… 32eme partie La vieille dame s'approche de lui et lui susurre : - Cette femme n'est pas robuste, elle est faible de constitution, et ne t'a donné qu'une fille. Que dis-je ? Une fille ? Non, disons plutôt un bout de fille prématurée qui ne va peut-être pas survivre, ou dans le cas contraire vivra avec un handicap à vie. Djamel sentit une sueur glaciale inonder tout son corps. - Pourquoi dis-tu cela, mère ? Pourquoi en veux-tu tant à Samia ? s'écrie-t-il, hors de lui. - Mais je ne lui en veux pas à elle, mon fils. J'en veux plutôt à toi. Tu imagines un peu si ta femme n'arrive pas à enfanter un garçon, que deviendra notre héritage ? Djamel hurle : - Mais je m'en fous royalement de l'héritage ! Ce que je veux, c'est que ma femme recouvre sa santé. Que j'aie une fille ou un garçon, c'est la volonté de Dieu ! - Hum, réfléchit donc, Djamel, ne te laisse pas aveugler par les sentiments. Elle s'éloigne et sort de l'appartement le laissant seul et désemparé. Il s'affale sur le sofa et se met à pleurer à chaudes larmes. La tension des dernières heures et le stress ont eu raison de ses nerfs. Un long moment s'écoule avant qu'il ait le courage de se relever et d'aller dans la salle de bains se laver le visage. Il jette un coup d'œil à son reflet dans la glace et remarque les longues traces de fatigue autour de ses yeux enflés. Il passe sa tête sous le robinet et tente de reprendre ses esprits. Un instant plus tard, se sentant mieux, Djamel change de chemise et se recoiffe, puis jette un coup d'œil à sa montre-bracelet. Il constate qu'il était temps de partir. Il passe prendre ses beaux-parents et sa belle-sœur Nadjette, et ils se rendent tous à l'hôpital. Samia dormait profondément. Djamel remarque des traces de larmes sur son visage, ce qui n'échappe pas aussi à Nadjette. - Mon Dieu ! s'exclame cette dernière, comment en est-elle arrivée là ? - Elle a eu un petit incident à la maison. Elle a fait une chute. Un silence de plomb tombe tout d'un coup dans la chambre. Djamel se sent gêné et quelque part coupable. La mère de Samia pleurait en silence, tandis que son père, figé, semblait sous le choc. Nadjette reprend enfin : - Samia se portait bien ces dernières semaines. Elle faisait très attention et évitait les tâches ménagères susceptibles de la fatiguer ou de provoquer un accouchement avant terme. Que s'est-il passé, Djamel ? Le jeune homme la regarde dans les yeux avant de répondre : - Ma mère lui avait demandé de l'aider à placer les rideaux du salon. - Quoi ? Mais c'est insensé ! - Je sais, Nadjette. Mais ma mère ne voyait pas le danger. Pour elle, c'était juste une aide. La mère de Samia essuie ses larmes. Elle tire une chaise et s'assoit au chevet de sa fille avant de lui prendre les mains et de les embrasser. - Ma pauvre fille. Tu es devenue le bouc émissaire des humeurs de ta belle-mère. Djamel toussote. - Grâce à Dieu, les médecins semblent optimistes. Son beau-père intervient alors : - Pourquoi est-elle donc branchée à toute cette tuyauterie ? - Elle vient d'être opérée. D'ici quelque temps, cela ira beaucoup mieux. D'ailleurs, on lui a même administré des calmants pour dormir. Pour qu'elle se repose bien et ne souffre pas trop. L'homme hoche la tête : - Et après ? - Et après quoi ? - Quand pourra-t-elle sortir de cet hôpital ? - Je ne sais pas. Elle doit rester le temps qu'il faudra pour récupérer. Seuls les médecins pourront décider de sa sortie après sa convalescence. Y. H. (À suivre)