Selon une enquête menée par l'OMS, 44% des décès de femmes des suites de complications d'une interruption de grossesse clandestine sur les 4,2 millions d'avortements à risque sont africains. Cela représente quelque 300 000 morts chaque année. Le fait est que la quasi-totalité des pays du continent noire, à l'exception de la Tunisie, de l'Afrique du Sud et du Cap-Vert, interdisent les interruptions volontaires de grossesse. Une exception est observée dans certains Etats, dont l'Algérie, pour les avortements thérapeutiques, c'est-à-dire quand la grossesse menace la vie de la future maman, et ce, avec certification d'un médecin assermenté. Les restrictions des lois et les pesanteurs des sociétés musulmanes sont dictées par les dogmes de la religion qui s'oppose aux relations sexuelles en dehors du mariage et par là même à l'enfantement par des couples libres. Il n'en demeure pas moins que dans tous ces Etats, les mœurs se relâchent et les grossesses non désirées se multiplient. Si l'Algérie enregistre, selon des chiffres officiels non exhaustifs, chaque année, 3000 naissances illégitimes, il est très difficile de fournir la moindre statistique sur les avortements clandestins, et donc généralement non médicalisés. La pratique est frappée du sceau du tabou et du secret. Même dans les hôpitaux, où des femmes arrivent, souvent, aux pavillons des urgences souffrant des complications d'une IVG pratiquée sans assistance gynécologique, le personnel médical et paramédical est tenu de ne point divulguer aux proches les vrais causes du mal, sans le consentement de l'intéressée, sauf si elle est mineure. “Nous ne pouvons pas donner de chiffres fiables sur les naissances illégitimes. Les statistiques officielles ne prennent en compte que les nouveau-nés abandonnés dans les hôpitaux. Il est encore plus aléatoire de chiffrer les avortements en Algérie”, affirme Mme Djaâfri, sage-femme dans une PMI à Kouba et présidente de l'Académie de la société civile Algérie.