En avril dernier, le monde découvrait une nouvelle souche de virus grippal capable de foudroyer, en quelques heures, une personne jeune en bonne santé. Dès lors, l'on ne parle plus que de la grippe A/H1N1. Suscitant d'abord la curiosité, ensuite la panique, puis la controverse, elle fait la une de l'actualité aussi bien dans le monde qu'en Algérie. au mois de mars 2009, un foyer de virus responsable d'un syndrome grippal d'un genre nouveau apparaît, au Mexique à proximité d'un grand complexe industriel d'élevage de porcs. Il s'est avéré que la nouvelle souche du virus grippal, qui a pris forme d'une combinaison de virus porcin, aviaire (notamment canard sauvage) et humain, se transmet de l'animal à l'homme mais aussi d'homme à homme. Le processus de contamination est tellement rapide que l'épidémie se déclare aussitôt au Mexique, se répand immédiatement aux USA et arrive tout aussi vite en Europe. Le 11 juin, l'Organisation mondiale de la santé déclenche l'alerte maximale à la pandémie de la grippe A/H1N1 (les appellations grippe mexicaine ou porcine abandonnées au bout de quelques semaines car jugées péjoratives), soit le niveau 6. L'ensemble des continents avaient été déjà envahis par le virus, contre lequel les populations sont peu ou pas immunisées. L'OMS lance, dans le même temps, un appel urgent aux laboratoires pharmaceutiques, pour qu'ils mettent au point, avant l'arrivée de la saison des grands froids propice à la propagation du syndrome grippal, un vaccin contre le virus H1N1. Si le produit est effectivement découvert et fabriqué par plusieurs groupes pharmaceutiques dans les délais, il induit une grosse polémique quant à son innocuité. Entre les pour et les contre, une bataille médiatique s'engage. Les uns défendent la voie d'une campagne de vaccination massive, de par le monde, pour limiter la propagation et par la même la nuisance du virus. Les autres évoquent des tests cliniques pas suffisamment conduits sur ledit vaccin, limitant les connaissances sur ses effets secondaires et émettent des réserves sur l'adjuvant. Conséquence, une réticence a marqué le début de la vaccination dans la majorité des pays. Il aura fallu la multiplication des cas mortels et la mutation du virus devenant particulièrement dangereux pour les poumons, pour que les gens transcendent leur hésitation et se ruent vers les centres vaccinateurs. Au dernier bilan de l'OMS, le nombre de morts, causés par la grippe pandémique H1N1, passe au-dessus de la barre des 11 500 et des millions de contaminés. Il semblerait même que 90% des syndromes grippaux sont en réalité une infection au virus H1N1 dans sa forme bénigne. Actuellement, les pays de l'hémisphère nord traversent une phase de stagnation de l'épidémie de la grippe A. A contrario, dans d'autres régions du globe, dont l'Algérie, enregistrent des pics de circulation autochtone du virus H1N1. Le pays a enregistré son premier cas de grippe A/H1N1, au mois de juin dernier. La progression de la maladie a été relativement lente, se limitant aux cas importés par des citoyens ayant ramené le virus de l'étranger. Les autorités sanitaires ont donné alors l'impression de maîtriser la situation, en assurant que le pays dispose d'un stock important d'antiviraux (au moins 6,5 millions de boîtes de Tamiflu), et de matériels de protection dont les masques. Des réseaux sentinelles et des hôpitaux de référence ont été mis en place. 20 millions de doses de vaccins contre le virus incriminé ont été commandées au laboratoire britannique Glaxo Smith Kline (GSK), avec livraison du premier lot au début de mois de décembre. L'Algérie était bien préparée pour faire face à une épidémie de grippe A, certifiait-on au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. La tutelle a même promis de communiquer sans retenue sur la grippe. Ce qu'elle fait effectivement, en donnant régulièrement le décompte des personnes atteintes et du nombre de morts, en hausse sensible depuis le premier décès survenu au mois de novembre dernier. Elle ne s'appesantit pas, néanmoins, sur les failles de prise en charge des malades dans les hôpitaux de référence et l'incapacité des services de réanimation à faire face à un nombre croissant de patients admis en détresse respiratoire. Elle n'explique pas davantage les dessous de la cacophonie entourant le contrôle du premier lot de 713 000 vaccins livrés par GSK, induisant un retard considérable sur le lancement de la campagne de vaccination ni sur les raisons qui ont amené l'Algérie à ne pas acheter des vaccins sans adjuvant pour les femmes enceintes et les enfants.