Vingt et une photographies prises sur le vif de la réplique interpellent les yeux des citoyens qui sont venus au vernissage de Hamid Aouragh, jeudi dernier, au Centre culturel français (CCF) à Oran. Le photographe de presse propose de faire un voyage à travers les personnages de la ville sous l'angle de la réverbération clair-obscur. Interrogations et contre-interrogations intéressent le regard du visiteur qui reste songeur devant les thèmes présentés par Hamid Aouragh. Un travail de deux ans et demi fourni à la ferveur de la réflexion des lieux et des habitants du vieil Oran. La femme voilée d'un haïk blanc symbolise la présence de cet habit féminin inexorablement supplé par la djellaba. C'est aussi le retour des justes choses que singularise le photographe par un jeu noir et blanc à peine perceptible. Les thèmes de la “harga”, de la paupérisation extrême, de l'enfance, de la désolation des sinistrés, du silence religieux des fidèles dans une mosquée sont autant de projections miroitées avec le minimum de détails. Grâce à une existence étrange du personnage qui s'intègre parfaitement dans la photographie, le clair-obscur n'est que force exaltante. Présence de l'image toute nue, certes, mais avec ses inclinaisons qui rappellent à l'ordre. Souvent l'ombre est incorporée dans le blanc laissant entrevoir le reflet de la porte et l'avatar d'un enfant interrogeant sans doute son passé… “C'est le fruit de 13 ans de recherches qui m'ont permis de quitter les sentiers battus et aller vers mon style, c'est-à-dire laisser les ‘rôles' parler d'eux-mêmes au lieu de les interroger. L'ombre expressive signifie pour moi sortir définitivement de la sphère du classique.” Abdelhamid Aouragh a raison de laisser parler les “rôles” qu'il a immortalisés à Sidi Houari et la Calère, deux vieux quartiers où palpite le cœur d'Oran. L'exposition photos “Clair-obscur” de Hamid Aouragh se tiendra jusqu'au 28 janvier au CCF à Oran. K. R-Y