La mémoire, explorée à travers ses gouffres, est nettement plus claire que le halo d'obscurité qui entoure l'actualité et le titre de son exposition, « Clair-obscur », symbolise bien cette dualité dont les frontières ne sont néanmoins pas toujours bien délimitées. Hormis la présence récurrente du thème de l'enfance, sans doute une projection de la sienne propre, ses instantanés pris sur le vif ou ses mises en scène convergent tous vers un même désir de faire revivre les temps anciens. La femme au voile blanc est particulièrement significative de ce point de vue dans une ville où cet accoutrement a quasiment disparu du paysage urbain. Il était pourtant très répandu dans un passé pas très lointain. L'artiste nous donne à voir une ville dénuée des artifices qui caractérisent sa vie d'aujourd'hui : surpeuplement, un penchant vers le tape-à-l'œil grossier, une extension anarchique, une urbanisation frénétique mais sans âme, etc. La ville qu'il décrit n'existe aujourd'hui nulle part, si ce n'est dans la mémoire de ceux qui l'ont connue avant que le chaos, né des interférences culturelles mal assumées, ne vienne brouiller les cartes. Un peu naïf, son regard semble fuir la complexité d'une cité qui croule sous le poids des convoitises pour lui préférer la sérénité de ses anciens repères : la place d'Armes, le port, la Calère, la Vierge sur les hauteurs du mont Murdjadjo, etc. Hamid Aouragh est photographe au quotidien El Khabar, mais il cumule déjà une expérience appréciable dans le domaine de la photographie d'art, dont notamment une première exposition à Oran sur le thème exclusif de l'enfance (2004) et une exposition en plein air à Paris (octobre 2008).Il devra exposer prochainement à Dubaï sur le thème du cheval, une expérience supplémentaire pour ce talent autodidacte mais prometteur.