Hamid Aouragh, le photographe de presse, a subjugué les visiteurs par ses sublimes photographies d'Oran, exposées depuis jeudi et jusqu'au 28 janvier prochain, au Centre culturel français (CCF) de Miramar (Oran). Si Milan a son Caravage, El- Bahia a désormais son maî-tre du «Clair- Obscur». En effet, tel un Caravage, Hamid a su manier les paradoxes du clair-obscur : les parties claires côtoient immédiatement des parties très sombres, créant des effets de contrastes tantôt suaves, tantôt violents. Il suffit qu'une lueur fébrile transperce les nuages pour se poser sur les plumes des pigeons tournoyant frénétiquement autour l'obélisque de la Place 1er Novembre (ex Place d'Armes) -créant un contraste entre lumineux et sombre- pour que Hamid saute sur son appareil pour immortaliser l'instant. C'est presque une obsession de la lumière et/ou des ténèbres qui hante Hamid et aiguise ses sens…de journaliste toujours aux aguets. En effet, Hamid, comme tout reporter autodidacte, préconise l'intuition pour trouver son sujet. Et puis, c'est la finesse de l'esprit de l'artiste qui procède aux arrangements. Cette exposition est un labeur de longue haleine, entamé depuis deux ans et demi, où plus de 2.000 images ont été prises au vif de l'action, a expliqué Hamid. En parcourant les photographies de Hamid on redécouvre El Bahia avec ses yeux d'artistes. Des moments d'éternité figés qui donnent de l'espérance. Comme ces femmes vêtues d'un haïk qui arpentent la ruelle menant au mausolée de Sidi El-Houari, le Saint patron de la ville. Hamid prône dans quelques-unes de ses prises la métaphore, sans y trop hasarde. Une métaphore qui naît de la simplicité de la photographie et nullement d'une complexité recherchée et pédante. La photographie de la cage d'oiseaux d'un marchand de Medina Djedida- où ce dernier paraît y être lui-même à l'intérieur de la cage- enfermé, est merveilleuse et ouverte aux interprétations de liberté, espérance et absolution. Hamid s'est refusé à donner des titres à ses clichés afin, a-t-il expliqué, «de ne pas influencer le regard et l'appréciation des visiteurs». C'est la troisième expo de Hamid qui avait déjà participé au Salon international d'art contemporain en plein- air (Paris, 2008). Il a participé avec une expo intitulée «Oran, ma belle ville» et en 2004, une autre entièrement consacrée aux enfants d'El Bahia.