Auréolés de leur premier titre continental, acquis en 1990 à Alger, les Verts ont sombré corps et âme deux années plus tard au Sénégal. Ils avaient notamment été cueillis à froid par la Côte d'Ivoire sur un score identique à celui d'hier face au Malawi. Le même scénario s'est renouvelé hier à Luanda, mais face à un adversaire que l'on qualifiait de “Petit Poucet”. Méconnaissables ! C'est le terme qui revenait le plus hier sur les langues des Algériens qui avaient toutes les peines du monde à croire ce qu'ils voyaient sur leur petit écran. Aucune comparaison n'était possible entre l'équipe qui a damé le pion un peu plus d'un mois auparavant au double champion d'Afrique en titre, l'Egypte, et celle d'hier qui, pourtant, se composait à un ou deux éléments près des mêmes joueurs. L'euphorie a de nouveau joué un mauvais tour à nos capés, comme ce fut le cas en 1992 lors de la phase finale abritée par le Sénégal. Sous la direction du Cheikh Kermali, les Madjer et consorts, tenants du titre, ont été “corrigés” par les Eléphants de Côte d'Ivoire, qui leur ont succédé au palmarès. Dans un groupe de trois équipes, ils n'avaient pu arracher la seconde place qualificative au second tour après le match nul concédé au RD Congo (ex-Zaïre). Bien qu'ils ne soient pas encore éliminés, les coéquipiers de Karim Ziani ont été eux aussi victimes du syndrome de Ziguinchor. Leur comportement sur le terrain hier, où ils donnaient l'impression d'errer sans âme face à un adversaire qui a profité au maximum de cette faiblesse, ne peut s'expliquer que par l'absence de concentration totale. L'euphorie de la qualification au Mondial sud-africain a certainement plongé nos joueurs dans un état d'esprit guère propice pour ce rendez-vous continental. Dire qu'ils ont sous-estimé l'adversaire équivaudrait à défoncer des portes ouvertes. Pourtant, ils ont eu l'occasion de voir cette équipe à l'œuvre face à l'Egypte au Caire, récemment. Elle avait laissé une excellente impression en accrochant les Pharaons (1 à 1). Mais drapés dans leur nouveau statut de “mondialistes”, les Ghezzal, Saïfi et autres Bougherra se sont peut-être crus invincibles. Bien qu'il faille laisser aux spécialistes le soin de donner leur avis sur la qualité de la préparation effectuée dans un froid glacial, alors que cette Coupe d'Afrique des nations se joue à plus de 30° degrés avec un taux d'humidité très élevé, ainsi que sur le choix tactique pour ce match contre le Malawi, il ne fait aucun doute que des erreurs ont été commises. À titre d'exemple, pourquoi a-t-on titularisé Rafik Saïfi, dont l'âge (34 ans) ne lui permet plus d'évoluer à l'aise dans des conditions climatiques aussi difficiles, alors qu'il aurait été préférable de l'utiliser comme joker ? Les questions de ce genre sont nombreuses, et seul Saâdane détient les réponses. À cinq mois du Mondial, la copie est à revoir. L'urgence est de faire descendre nos sélectionnés de leur nuage, avant que les échecs ne se succèdent, avec des effets dévastateurs. Nul ne peut remettre en cause la valeur intrinsèque des Meghni, Yebda et autres Belhadj, ni la compétence et l'expérience du coach national Rabah Saâdane, mais à toute chose malheur est bon, et il faut agir et vite. Il est à espérer que cette douche glacée aura pour effet de secouer l'entraîneur national et ses protégés, car l'heure est grave. La désillusion et la déception des Algériens, hier, risquent de s'accentuer davantage si les Verts ne reprennent pas leurs esprits, car le Mali et l'Angola ont donné lors du match inaugural un aperçu de leur talent.