Le ras-le-bol des étudiants de l'Ismas envers le Ballet national qui squatte leur institut a débouché sur une grève illimitée. La situation s'est envenimée avec la démission, hier, du directeur de l'institut, Brahim Noual. Les étudiants de l'Institut supérieur des métiers des arts, du spectacle et de l'audiovisuel (Ismas) poursuivent leur grève, entamée le 5 janvier dernier. La situation a atteint son paroxysme suite aux mesures draconiennes prises par l'administration de l'Ismas et face au silence du ministère de la Culture. D'ailleurs, comme ultime recours de protestation, les étudiants ont passé les deux dernières nuits dans la cour de l'établissement, sous le froid et la pluie. Ces étudiants campent sur leurs positions et disent ne pas céder face aux pressions. Ils sont déterminés et extrêmement en colère, puisque voilà une année qu'ils attendent une réponse à leurs multiples revendications. Personne ne semble entendre leur voix, ni les responsables de l'institut ni le ministère de la Culture. La goutte qui a fait déborder le vase est le Ballet national qui s'est installé à l'Ismas, en février 2009. “Ils devaient rester un mois ou deux seulement. Mais maintenant, ils occupent les salles et les ferment à clé. Donc, nous ne pouvons pas étudier”, s'insurge un étudiant. Ces étudiants se plaignent de l'indisponibilité du théâtre d'essai et de deux salles de danse. Car “l'amphithéâtre et le gymnase ont été réservés pour un film. Du coup, on se retrouve sans salle pour étudier”, a indiqué l'étudiant. Contacté, Brahim Noual nous dira qu'il a démissionné de la tête de cet institut, hier matin, à cause justement de ces événements. “J'ai failli à ma mission et j'assume mes actes. Nous avons essayé de dialoguer avec les jeunes mais cela n'a rien donné. En tant que pédagogue, je considère que je n'ai pas réussi”, nous a-t-il déclaré. Quant aux autres revendications, notamment le manque de moyens pédagogiques, l'ancien directeur reste à la fois optimiste et positif, en ajoutant : “Nous allons régler tous les points pour améliorer la situation pédagogique et sociale. Le nouveau directeur et les représentants du ministère veilleront à cela.” Concernant la revendication relative au départ du Ballet national, la situation ne semble pas s'améliorer, puisque M. Noual nous a affirmé : “Le ballet restera ; il a autant de droit que ces étudiants pour l'espace et la prise en charge. C'est un consentement pris par le ministère et l'institut.” Pour rappel, les étudiants de l'Ismas ont, dès le départ, désapprouvé la cohabitation, car le ballet occupe la majorité des salles. Et en plus, la cohabitation n'est pas une réussite. “Peut-être que je n'ai pas su gérer la cohabitation entre les deux parties. Mais ells doivent trouver un espace de dialogue. Plusieurs représentants du ministère sont à l'Ismas et feront tout pour améliorer la situation”, a-t-il exprimé. Pour revenir au mouvement de grève de ces derniers jours, trois étudiants ont été expulsés de l'institut pour une année et un quatrième définitivement. À ce propos, notre interlocuteur a été ferme : “Je ne reviendrai pas sur les décisions disciplinaires, ils n'ont pas respecté le règlement intérieur. Et cela a été approuvé par les professeurs et moi-même.” De leur côté, les étudiants perçoivent ce renvoi d'un autre œil: “Nous ne comprenons pas à quoi est dû ce renvoi. L'un d'eux est le chef de bureau des étudiants et les trois autres ont exprimé devant les responsables ce qu'ils avaient sur le cœur”, nous ont révélé deux étudiants. Par ailleurs, depuis le 5 de ce mois, ces jeunes ont respecté les convenances, en accrochant des banderoles dans l'enceinte de l'Ismas et en organisant un sit-in dans la cour. “Nous voulons notre liberté, nous demandons seulement nos droits les plus absolus”, a souligné un étudiant. Mais la situation a pris une autre tournure depuis deux jours: “Ils ont fermé la porte de l'internat jusqu'à 22h, alors nous avons dormi dans la cour par principe et nous y resterons jusqu'à ce qu'on nous trouve une solution”, a déclaré un jeune étudiant de l'Ismas. Ces jeunes s'acharnent à rester dans la cour jusqu'au renvoi du Ballet national mais le hic dans l'histoire est que le ministère et l'Ismas ne comptent pas les laisser partir !