Une pétition circule depuis quelques jours sur Facebook et sur le site gopétition.com (eh ! oui y a un site pour tout) pour dénoncer l'éventuelle censure du web en Algérie. La pétition dans les trois langues arabe, français et anglais est titrée “Non à la censure de l'internet en Algérie”. “Au cours de l'année 2009, la presse locale algérienne a rapporté que les autorités algériennes préparaient un filtre Internet afin de combattre le "cybercrime", et les sites "terroristes" et “pornographiques”. Des lois sont actuellement à l'état de projets afin de classer comme crime le contournement du filtre”. Bien qu'un chouia évasive, cette introduction met le doigt sur un phénomène qui tend à se généraliser sur Internet et dans plusieurs pays, le fameux filtrage. Même les Allemands et les Français sous le couvert de la loi Hadopi tentent d'instaurer une forme de filtrage du le Net. En Chine, les ordinateurs dits légaux sont équipés en effet d'un logiciel de filtrage. Pourtant cette idée de filtrage semble absurde ; selon une déclaration de Google, la pratique du filtrage devient quasi impossible : “Nous devons faire face à l'expansion permanente du web. Lorsque nous avons commencé, en 1998, Google indexait autour de 25 millions de pages par jour. Aujourd'hui, nous en sommes à des milliards de pages chaque jour. Autant dire que les bottes de foin dans lesquelles nous cherchons nos aiguilles sont devenues gigantesques, aujourd'hui nos robots indexent des milliards de milliards de pages. Pourtant la tâche est loin d'être achevée. En effet, à chaque exploration du Web par le robot Googlebot, environ 10 à 20% du contenu est entièrement nouveau !” Dans les pays qui “censurent” le Web, on voit très vite que l'effet est plus comique (quand il n'y a pas de sanctions graves) qu'autre chose. Il ne s'agit pas seulement de petits sites d'activistes ou de militants, mais même les gros sites type Youtube quand ils sont censurés, l'internaute trouve toujours moyen de contourner la censure sans que les fameux filtres ne s'en rendent compte. Avec des millions de re-directions, d'adresses alternatives, aucun filtre ne peut, techniquement, restreindre considérablement l'accès à Internet sans que cela ne se répercute négativement, et à tous les niveaux, sur l'utilisation globale de la Toile. Car souvent, filtrer une partie d'Internet, revient à filtrer trop de parties d'Internet. Comme le fait le filtrage par mot-clé, qui, par exemple, en interdisant des mots-clés dits “pédophiles” interdit souvent les sites qui dénoncent la pédophilie avec forcément les mêmes termes. Le spectre du filtre, au stade où il en est aujourd'hui techniquement, est plus d'ordre dissuasif. Pourtant c'est ce qui fait toujours réagir les défenseurs de la liberté et du droit sur Internet. Très peu d'organismes (particulièrement en Algérie) se battent pour l'introduction de “l'éducation à Internet”. Si la notion de filtrage au niveau d'un Etat trouve d'abord ses ressources dans la protection de l'enfant, c'est souvent parce que les alternatives peinent à se faire un écho, il serait grand temps de penser à des méthodes éducatives plutôt que répressives. Et ceci même pour les adultes, qui ont le droit de connaÎtre clairement ce qui est considéré comme cybercriminalité ou pas. L'exemple de la route et des panneaux de signalisation est souvent repris par les internautes qui défendent un traitement plus humain du citoyen connecté. “Au lieu de couper les routes, on préfère parler à l'intelligence de chacun, et poser un code de la route” ce qui mène au terme “régulation”. Régulation et éducation sont les solutions “logiques” qui conviennent à bon nombre d'internautes ; pourtant au plus haut niveau des Etats, les termes filtrage et sanctions sont bien plus récurrents. À l'heure où Internet se prépare pour sa prochaine révolution qui est “l'internet des objets”, où les connexions de nos objets usuels seront légions, rendant l'utilisation du Web centrale, certaines lois répressives se mettent en place, des lois souvent inadaptées et très vites désuètes par rapport aux utilisations. H.Y