Pour la deuxième fois en l'espace d'une semaine, les sinistrés de la cité des 1200-Logements de Boumerdès sortent dans la rue pour exprimer leur colère sur le retard enregistré dans la réalisation de leurs logements. En effet, avant-hier encore, des dizaines de familles ont bloqué la route pour dénoncer le silence des pouvoirs publics face au calvaire qu'ils continuent à endurer à cause de la bureaucratie qui freine l'achèvement des travaux du chantier des 520 logements. “Sept ans barakat !” scandaient ces mères de famille qui se sont regroupées devant le siège de la wilaya pour exiger d'être écoutées par le wali. “Nous sommes les vrais sinistrés, notre cité a connu le plus grand nombre de morts lors du séisme et nous vivons encore dans des chalets, alors que de faux sinistrés habitent des logements neufs”, affirment les manifestants. Ces derniers disent avoir accepté de participer financièrement à la construction de leurs logements dans le cadre du décret 03/314 du 16/09/2003 relatif au relogement des sinistrés, mais voilà qu'on leur demande de payer 80 millions de plus représentant le surcoût de ces logements. “D'où est-ce que je vais ramener une telle somme alors que je suis retraitée !” affirme une femme qui a perdu son mari et ses 3 enfants dans la catastrophe. Un autre sinistré, qui lui aussi a perdu trois de ses filles, nous invite à venir constater sur place le calvaire qu'il endure dans son chalet de 20 m2 situé au site de la Sablière. “Voilà l'hommage qu'on a rendu à une famille qui a tout perdu alors que le président de la République a annoncé que la priorité du relogement sera accordée aux familles ayant subi des dommages collatéraux.” Un femme affirme que plusieurs sinistrés qui attendaient de regagner dignement leurs logements sont morts et d'autres souffrent dans leurs chalets et dans les hôpitaux. Les sinistrés disent avoir adhéré à la démarche des pouvoirs publics en acceptant la formule VSP, mais, en réalité, cette formule est inadaptée à leur situation de sinistré, dont une grande partie est démunie. “On nous a forcés à suivre cette démarche et voilà le résultat : des sinistrés vivant encore dans des chalets, des surcoûts très élevés et un chantier de 520 logements dont l'aspect continue à défigurer la ville de Boumerdès”, indique un autre sinistré. Les protestataires disent avoir rempli l'essentiel des conditions posées par l'OPGI pour l'achèvement de leurs logements. “Les autorités se sont engagées à réaliser le clos et le couvert, ainsi que les finitions, mais, à ce jour, rien n'a été fait et le chantier est abandonné”, affirment les familles. Par ailleurs, l'association des sinistrés des 1200-Logements a réaffirmé, dans un courrier daté du 8/12/2009 adressé aux autorités, son refus du surcoût des prix des logements qui s'élève à 80 millions de centimes. La wilaya aurait, selon le même document, saisi, en date du 11/11/2009, le ministre de l'Habitat pour “la prise en charge du clos et couvert afin d'absorber le surcoût”. Mais, selon les sinistrés, aucune réponse n'a pas encore été adressée à la wilaya ou aux sinistrés par le ministre de l'Habitat qui s'est pourtant engagé, il y a un an lors de sa visite à Boumerdès, à aider les sinistrés dans l'achèvement de leurs logements. Pour rappel, plus de 600 personnes sont mortes au niveau de la cité des 1200-Logements de Boumerdès, soit la moitié des victimes enregistrées lors du séisme du 21 mai 2003.