Les sinistrés de la cité 1 200-Logements de Boumerdès ont bloqué, jeudi, la route reliant le centre-ville de Boumerdès à la cité Frantz-Fanon pour exprimer leur colère sur le retard enregistré dans la réalisation de leurs logements confiés à l'entreprise Cosider. Les sinistrés, qui se sont regroupés à l'entrée du site du projet des 520 logements, toujours à l'arrêt faute de crédits, n'ont pas supporté l'état d'abandon dans lequel se trouve le chantier, bien qu'ils aient reçu, selon leurs représentants, la promesse que le chantier allait redémarrer après que les obstacles liés à la procédure du financement du projet eurent été levés. Mais les sinistrés, qui ont dû prendre leur mal en patience en n'ayant rien vu venir, se sentent abandonnés. “À chaque fois qu'on fait un pas pour débloquer la situation, on recule de deux à cause de la bureaucratie. On dirait que c'est prémédité”, explique un membre de l'association. Et d'ajouter : “Notre situation exceptionnelle de sinistrés ne semble pas être prise en considération par les pouvoirs publics ni le ministère de l'Habitat.” Les représentants de l'association menacent de recourir à d'autres actions plus radicales si la situation demeure en l'état. “Nous vivons une situation insoutenable pendant que les différents responsables, eux, sont bien au chaud et se renvoient la balle”, lâche une mère de famille avant de préciser que tous les efforts entrepris par les représentants des sinistrés butent encore sur les lourdeurs bureaucratiques du ministère de l'Habitat, de la CNL et d'autres administrations centrales. Selon Mme Chellah, directrice de la Dlep, qui s'est déplacée sur les lieux en compagnie du directeur de l'OPGI en qualité de maître de l'ouvrage, et du P/APC de Boumerdès, le problème se situe au niveau d'une clause se rapportant au fonds de garantie exigée dans le cadre de la vente sur plan. “Nous avons corrigé cette clause hier et nous allons nous réunir samedi (aujourd'hui, ndlr) pour faire l'évaluation du dossier”, a-t-elle soutenu. Mais, à en croire certains citoyens très au fait de ce problème, le dossier risque de rencontrer d'autres obstacles, compte tenu de la complexité des procédures liées à la vente sur plan et à l'existence d'une disposition très contraignante contenue dans le décret N°03-314 du 16/09/2003 fixant les modalités d'aide à la reconstruction des logements effondrés. Pour que la CNL débloque, en tranches, 1 million de dinars pour chaque sinistré, il est fait obligation à l'OPGI de Boumerdès mais aussi à d'autres entreprises chargées de réaliser près de 1 100 autres logements similaires, au niveau de la wilaya, de produire, entre autres, une attestation de souscription à l'assurance auprès du Fonds de garantie et de caution de la promotion immobilière (Fmgcpi,) ainsi qu'un contrat de vente sur plan établi par un notaire pour chaque sinistré. L'attestation de fonds de garantie est elle-même subordonnée à d'autres conditions comme la présentation à l'OPGI de tous les actes de propriété des logements des sinistrés, sans parler du notaire qui, lui aussi, devra exiger des sinistrés d'autres documents administratifs individuels. Et comme de nombreux sinistrés sont orphelins, on vous laisse imaginer le calvaire qu'ils doivent encore endurer. Ainsi, il semble que les cas des sinistrés ayant opté pour cette formule de reconstruction sont traités comme de simples acquéreurs de logements et qu'aucune procédure d'allégement ni aucune faveur ne leur est accordée. Ce projet pilote de la cité des 1 200-Logements, qui a démarré grâce à une somme de 20 millions de dinars débloquée par l'OPGI, risque de servir de mauvais exemple aux autres citoyens qui ont opté pour cette formule, comme il risque de porter un mauvais coup au programme de relogement des sinistrés arrêté par le gouvernement. M. T.