Pour elle, il y a une contradiction dans la démarche du pouvoir qui poursuit sa campagne d'arrestations d'un côté et appelle au dialogue de l'autre. La porte-parole du parti des travailleurs, Mme Louisa Hanoune, a appelé, hier, les pouvoirs publics à prononcer une amnistie générale en faveur des délégués détenus du mouvement citoyen de Kabylie et ceux sur lesquels pèsent des poursuites judiciaires. À l'occasion de la conférence de presse consécutive à la réunion, le week-end dernier, du secrétariat politique du parti, la première responsable du PT suggère “cette mesure d'apaisement” pour entrevoir un dialogue sérieux et porteur. Pour Louisa Hanoune, la politique actuelle du pouvoir renferme une contradiction en ce qu'elle appelle d'un côté à l'ouverture d'un dialogue et de l'autre poursuit les arrestations et la chasse aux délégués. Elle refuse, cependant, à ce que l'offre de dialogue soit sujette à des conditions pour les deux partenaires. “Pas de dialogue sous conditions aussi bien pour les archs que pour le pouvoir”, clame Louisa Hanoune qui assène, au passage, que la plate-forme d'El-Kseur est un “projet de société” et que “laârouchia (le tribalisme, ndlr) est la négation même de la République”. Abordant les faits qui agitent l'actualité et la politique nationale, Louisa Hanoune a refusé de s'exprimer sur le bras de fer entre Ali Benflis et le cercle présidentiel pour le contrôle du FLN. “Nous sommes certes préoccupés par le schisme qui se produit dans les institutions, mais nous refusons de nous aligner sur les positions de quelque parti que ce soit”, dit, simplement, la responsable du Parti des travailleurs. Cela ne l'empêche pas de s'inquiéter sur cette situation “dangereuse”. Interrogée sur les intentions du PT par rapport à l'élection présidentielle d'avril 2004, Louisa Hanoune répond que cela “n'est pas une question de principe”. Elle promet que le débat sera ouvert au sein de son parti à l'occasion des assemblées générales et des congrès de wilaya qui auront lieu à partir du début septembre. Des rendez-vous qui seront aussi l'occasion d'élire les représentants de chaque wilaya au futur conseil national du PT dont l'équipe sortante devrait présenter son bilan. Un bilan de cinq ans que la présidente du PT qualifie évidemment de “positif”, compte tenu “du nombre de militants enregistrés depuis 1997, d'élus dans les différentes assemblées mais aussi de la pertinence des déclarations et positions du parti”. Ce processus sera couronné, dira Louisa Hanoune, par la tenue du congrès national du parti au début du mois d'octobre. “La question de la participation à la présidentielle pourrait être tranchée à l'occasion”, précise-t-elle. Par ailleurs, Mme Hanoune s'est laissé aller comme d'habitude et avec beaucoup de passion aux thèmes socioéconomiques qui lui tiennent à cœur. Durant une heure, la pasionaria a passé en revue les “dysfonctionnements” dans les réformes économiques entreprises et les “dangers qu'elles induisent”. De la Sonelgaz à la Sonatrach en passant par les zones franches, la porte-parole du Parti des travailleurs met en garde contre l'imminence d'une “dislocation du tissu socio-économique et du bradage des entreprises publiques pour les multinationales”. Elle en veut pour preuve “l'arrogance de Chakib Khelil et son mépris pour les Algériens dans ses projets visant à vendre Sonatrach”, tempête Louisa Hanoune. “Nous n'avons pas de problème avec des personnes, mais Chakib Khelil est un danger pour l'Algérie”, assène, rageuse, Mme Hanoune qui lui impute la responsabilité de la crise que vit présentement Sonelgaz. Aussi, s'est-elle inquiétée des rumeurs faisant état de discussions entre les autorités algériennes et le Pentagone sur une éventuelle installation d'une base militaire américaine en Algérie pour lutter contre le réseau d'Al-Qaïda. “Ce n'est qu'un prétexte. L'objectif, c'est le gaz et le pétrole”, lâche Louisa Hanoune. H. M.