Selon le ministère, le taux de croissance réalisé par le secteur est à plus de 10%. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaïssa, n'est pas contre le principe de faire payer l'eau aux agriculteurs. Il n'y verrait pas d'inconvénients d'autant plus que l'eau, dit-il, est payante pour les autres opérateurs et citoyens. Cependant, avant d'entamer une telle opération, envisagée sérieusement par son collègue du département des Ressources en eau, M. Abdelmalek Sellal, M. Benaïssa exige au préalable la mise en place d'une certaine organisation. Celle-ci, il la résume en la création de syndicats d'irriguants, la disponibilité de l'eau en quantités suffisantes… “Nous partons du principe que l'eau est une denrée rare qui nécessite une rationalité accrue”, argue-t-il. M. Sellal a considéré qu'il n'est pas logique que l'Algérienne des Eaux (ADE) et l'Office national d'irrigation et de drainage (Onid) continuent à recevoir de l'eau gratuitement auprès de l'ANBT (Agence nationale des barrages et des transferts). Pour cela, une étude sur les modalités d'application d'une révision des tarifs applicables aux grands clients qui consomment un volume égal et supérieur à 80 m3/jour, tels que les industriels, les gérants des hammams et les agriculteurs, a été déjà lancée. L'agriculture, à elle seule, consomme une proportion de l'ordre de 70% des eaux emmagasinées dans les barrages. En début 2010, il est projeté d'atteindre une capacité de 600 millions de m3 sur l'ensemble des 750 millions de m3 d'eaux usées rejetées par les ménages annuellement. Même si ces quantités d'eau sont effectivement réutilisées dans le secteur agricole, elles sont pour le moment données gratuitement à l'agriculteur en attendant de trouver des mécanismes pour la lui faire payer. Cette décision interviendra certainement à cause des multiples projets lancés par le secteur agricole qui exigent par conséquent, une consommation de plus en plus importante de l'eau. En effet, rien que pour les projets de proximité (PPDRI), il a été réalisé quelque 1 500 unités réparties sur plusieurs wilayas. Selon le bilan établi par le Madr, les objectifs à ce propos ont été atteints à plus de 106%. Rachid Benaïssa, faut-il le souligner, vient d'innover en matière de communication des statistiques reflétant le bilan de son secteur. Il a privilégié les résultats plus détaillés, et essentiellement ceux affichés par les wilayas, que les tendances habituelles, c'est-à-dire, le bilan global de son secteur. Il a refusé ainsi, d'avancer le moindre chiffre concernant les résultats généraux. Pour le taux de croissance du secteur agricole, à titre d'exemple, il s'est contenté de dire qu'il est à deux chiffres. Ce qui est en soi, une performance jamais concrétisée depuis au moins 5 années. Le chiffre peut être donc de 10%, 11%, 12%... peu importe, mais M. Benaïssa a préféré attendre les statistiques que donneront les autres institutions externes à son département telles que l'ONS. L'Etat financera des programmes et non des opérations ! Quand bien même, il ne souhaite pas communiquer des chiffres globaux, il n'en demeure pas moins qu'il est satisfait des succès réalisés. L'on peut citer les quelques performances indiquées, hier, lors de la réunion des cadres du secteur, notamment les 9 348 porteurs de projets d'unités d'élevage identifiés, la plantation de 41 000 hectares, 465 projets de lutte contre la désertification. Pour les céréales, 35 wilayas ont dépassé les objectifs escomptés. Il s'agit dans l'ordre, d'Oum El-Bouaghi, Mascara, Batna, Tébessa, Tiaret, Sétif. Douze autres, en revanche, n'ont pas atteint les objectifs tracés. En comparaison à la production moyenne nationale estimée à 17 quintaux, 10 wilayas ont dépassé ce seuil alors que 22 autres ont eu un rendement inférieur. Pour les produits laitiers, les importations ont baissé de 81 millions de dollars en 2008 à 49 millions de dollars en 2009. Plus de 14 000 bovins reproducteurs ont été également importés. Dans son intervention, M. Benaïssa a mis l'accent sur la nécessité d'une évaluation à tous les niveaux de responsabilité et l'ensemble des démembrements du ministère. S'il a opté pour l'affichage plus détaillé des résultats au niveau local, explique-t-il, c'est pour permettre une meilleure comparaison entre les wilayas. Le ministre a évoqué aussi la décentralisation des outils et moyens d'évaluation au plan local en utilisant des méthodes scientifiques pour procéder ensuite à une amélioration des résultats. M. Benaïssa a insisté, en outre, sur le climat de confiance qui doit régner entre les acteurs, les administrations locale et nationale. L'organisation à laquelle appelle Rachid Benaïssa concerne, selon lui, l'économie de l'eau. Il demande à ce propos, à ce que chaque wilaya se dote d'un véritable programme. “Auparavant, on finançait des opérations, désormais, nous financerons des programmes”, affirme-t-il. Mieux, chaque wilaya doit avoir son schéma directeur agricole et de développement rural. Le premier responsable du département de l'agriculture a annoncé aussi l'affectation d'espaces dédiés aux productions maraîchères autour des grandes villes.