Chérif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme a réuni, hier, à l'Hôtel El-Aurassi, ses 48 wilayas afin d'évaluer l'état d'avancement du programme de développement des pôles touristiques d'équipements publics en matière d'environnement et de réalisation des Schémas d'aménagement du territoire. Un rendez-vous loin d'être banal au vu de la tournure des débats qui se sont déroulés avec l'audition des concernés dont certains n'ont pas été épargnés du “mauvais quart d'heure”. C'est dire que le climat général, dans lequel évolue le secteur du tourisme, notamment, est loin de favoriser la réussite de la démarche gouvernementale à travers le Schéma directeur de l'aménagement touristique qui lui-même découle du Schéma national de l'aménagement du territoire. C'est que certains réflexes développés par le passé ont la peau dure et difficile de s'en défaire. La machine n'est pas encore huilée et certaines personnes ont encore l'illusion de pouvoir encore “tricher” en toute impunité ou même ne pas prendre son travail au sérieux. Le holà à toutes ces pratiques a été signifié explicitement par Chérif Rahmani qui a averti contre toute tentative de dilapidation des deniers de l'Etat aussi insignifiants soient-ils. Pour Saïda, Tissemsilt, Sétif, Annaba, Oran, Aïn Témouchent, Boumerdès pour ne citer que ces wilayas pour lesquelles nous étions présents lors de l'audition de leurs directeurs du tourisme respectifs, Chérif Rahmani n'a pas été de main morte pour réprimander les concernés, certains plus que d'autres, avertir ou plaider pour une plus grande attention et une plus grande maîtrise dans leur exercice. Un mal nécessaire qui a mis à nu défaillances et incompétences parfois de certains cadres tels que celui de Sétif ou encore la directrice de Tipaza qui ont d'ailleurs essuyé un avertissement de la part du ministre. Celui-ci n'a pas cessé de faire passer des messages à qui voulait bien l'entendre non sans encourager les plus émérites. “Halte au bricolage et aux dépenses qui ne mènent à aucun résultat probant”, a-t-il déclaré coupant l'herbe sous le pied de ceux qui tentent toujours de glisser des petites études par-ci par-là sans aucun sens ni résultat. “Je ne comprends pas comment un directeur peut s'occuper de panneaux d'indication ou de signalisation, ce qui ne relève même pas de nos compétences au lieu de faire un travail scientifique approfondi à même de renseigner réellement le visiteur”, donnera-t-il en exemple pour démontrer à quel point le niveau d'ineptie est atteint. La directrice du tourisme de Tipaza ne savait pas combien de touristes étrangers ont visité la wilaya et dans la confusion, elle avancera le chiffre fantaisiste de 3 millions qui a carrément fait sortir le ministre de ses gonds. Ce type d'aberrations s'est répété avec d'autres directeurs dont certains n'hésiteront pas à confronter d'autres intervenants du secteur dont l'ANDT pour justifier des lacunes et des défaillances. Chacun ira de sa propre argumentation sans pour autant convaincre ni le ministre ni l'assistance. Ne s'en sortira que celui d'Oran installé fraîchement à son poste et celui d'Aïn-Témouchent même si la situation aspire à être améliorée. Le ministre n'en reviendra pas d'apprendre qu'à Oran sur les 133 établissements hôteliers, 90% fonctionnent sans autorisation d'exploitation, selon les affirmations mêmes du directeur actuel. Il s'étonnera également de la démesure dans les propositions émises qui ne tiennent compte d'aucune réalité comme c'est le cas de la directrice de Boumerdès qui demande le rajout de 14 nouvelles ZET et l'aménagement de 18 nouvelles plages… Au chapitre investissement, il y avait également matière à disserter notamment sur la frilosité des banques, notamment la BDL, qui se sont engagées pourtant à soutenir l'investissement touristique. Pour remédier à cette situation, le ministre demandera d'identifier 1 à 2 banques qui se sont montrées plus coopératives (BNA et CPA) pour un nouveau type de partenariat. Beaucoup de choses ont été dites lors de cette rencontre qui visiblement augure une nouvelle ère pour l'avenir du tourisme qui jusqu'à présent n'arrive toujours pas à prendre son envol. Le programme quinquennal 2010-2014 concède plus d'argent que ce qui a été prévu, ce qui dénote d'une prise de conscience qui devrait être généralisée à tous les niveaux. Chérif Rahmani n'a pas non plus épargné les établissements hôteliers et autres complexes touristiques à l'image des sites de Tipasa qui seraient, selon la directrice, dans un état de délabrement avancé. Le ministre lui-même a reçu de nombreuses plaintes. “Les messages forts sont de donner une plus grande visibilité aux investisseurs et axer les efforts sur la qualité”, dira Rahmani en guise de feuille de route à suivre.