L'Algérie est en quart de finale de la coupe d'Afrique des nations. Le fait peut paraître anodin lorsqu'on sait que l'EN est l'un des cinq pays africains qualifiés au Mondial-2010 et même l'un des favoris du présent tournoi. Mais lorsqu'on rappellera que cette même équipe a commencé en catastrophe la CAN avec une défaite humiliante devant le Malawi, sans doute la plus faible équipe du groupe, la qualification au prochain apparaît plutôt comme un exploit. Balayés dans un non-match durant lequel ils ont passé leur temps à traîner leurs guiboles sur la pelouse du stade du 11-Novembre de Luanda, sous un soleil au zénith, les Verts ont su réagir au bon moment, c'est-à-dire contre le Mali, avant de faire l'essentiel devant l'Angola. À l'arrivée, les camarades de Ziani s'en sortent à bon compte, mais laissent aussi entrevoir des signes insoupçonnables d'un retour en force. Présent à la CAN, en tant que consultant pour CAN Orange, l'actuel coach de la formation nationale de Oman résume cette progression dans les prestations de l'Algérie. “Entre le premier match contre le Malawi et la troisième rencontre contre l'Angola, en passant par la bonne prestation contre le Mali, l'Algérie est parvenue à hisser son niveau de jeu ; c'est clair, c'est une équipe qui revient en force, elle aura son mot à dire dans cette CAN”, nous a-t-il confié juste après la fin du match contre l'Angola. “Je dois dire qu'au début, j'ai été déçu par le rendement des Algériens, peut-être ont-ils sous-estimé le Malawi, mais ils sont très bien revenus, ils ont effacé tous les doutes. désormais, ils jouent sur leur vraie valeur.” Dans un schéma tactique en 4-5-1 qu'il adopta vite après la débâcle du 3-5-2 du premier match, Saâdane s'est reposé sur une bonne assise défensive et un milieu fourni pour épingler le Mali et réduire à néant le danger de l'Angola. Un jeu à l'italienne pas forcément chatoyant et plaisant mais ô combien efficace. Avec un jeu identique, l'Italie a réussi à gagner la dernière Coupe du monde avec Marcello Leppi au détriment de formations plus techniques à l'image de la France ou encore l'Allemagne. Le réalisme algérien a payé et ce n'est pas la vedette malienne qui nous contredira, lui qui a souligné dans ces mêmes colonnes “que l'Algérie avait bien joué son coup, en marquant d'abord avant de préserver de fort belle manière son acquis au moment où nous, nous n'avions pas pu réagir. Nous avons certainement raté la qualification dans ce match contre l'Algérie et on ne doit s'en prendre qu'à nous-mêmes”. Yebda, le stabilisateur ! Incontestablement, le milieu de terrain Hacen Yebda est la révélation de cette équipe algérienne lors du premier tour. Crispé lors du premier match contre le Malawi, à l'image de toute l'équipe, l'infatigable bosseur de Portsmouth, s'est imposé contre le Mali et l'Angola comme la véritable plaque tournante de l'EN. Récupérateur insatiable de précieux ballons, il est aussi une véritable courroie de transmission entre les deux compartiments de la défense et de l'attaque, lui procurant une meilleure fluidité indéniable dans le jeu. De l'avis des observateurs présents ici à Luanda, Yebda apparaît comme le véritable inspirateur de cette sélection algérienne toujours à la recherche d'un fond de jeu propre. Bien avant la rencontre, les Angolais avaient averti que Yebda est l'un des éléments à museler de l'adversaire algérien. L'aveu vient d'ailleurs de l'attaquant redoutable Manucho qui déclarait dans ces mêmes colonnes que “nous devions nous méfier de Yebda notamment”. Sombre et précis dans son jeu, doté d'une bonne frappe et d'un bon jeu de tête, Yebda, 24 ans à peine, possède les qualités requises pour devenir l'un des animateurs de la formation nationale. À Luanda, un futur patron des Verts est sans doute né ! Avec le capitaine Mansouri, ils ont formé un duo, auteur d'un travail de fourmi. Que reste-t-il donc à cette équipe pour prétendre jouer un rôle plus important dans cette CAN ? Une attaque plus performante assurément qui, par exemple, assurait largement la victoire contre l'Angola et éviter du coup l'ogre ivoirien dès les quarts de finale. Avec une seule flèche en attaque, Ghezzal, qui n'est pas en vérité un attaquant de pointe, les Verts ont souffert de l'infériorité numérique dans la surface de vérité. Le moment est peut-être venu de placer plus haut un gars comme Matmour pour apporter plus de soutien à Ghezzal pour tenter de dompter des Ivoiriens trop dangereux pour les laisser faire le jeu.