Jouer pour l'honneur du football algérien Maintenant que l'Algérie est qualifiée pour le Mondial et que notre drapeau national a retrouvé sa place parmi ceux des plus grandes nations du monde, que peut-on espérer qu'on fasse en janvier prochain en Angola ? Doit-on focaliser sur la Coupe du monde et rester distraits à Luanda fiers de notre statut de mondialistes, au risque de se faire ridiculiser par le Mali, l'Angola ou le Malawi qui joueront en revanchards ? Gare au syndrome du Mondialiste comme en 82 ! L'Algérien a pris trop confiance lors des éliminatoires pour le décevoir en si bon chemin. Le mental de gagneur qu'ont affiché les joueurs de Saâdane a trop séduit le peuple pour qu'on le perde en deux mois. L'Algérie se doit, en effet, de maintenir très haut la barre, pour ne pas régresser et retomber dans les désillusions du passé. Les échecs sont encore tous frais dans les mémoires pour ne pas s'en servir aujourd'hui. L'Algérie a connu les mêmes situations en 82, lors de la CAN en Libye, que Fergani et ses camarades avaient quittée en demi-finales contre le Ghana, alors que tous les observateurs les donnaient grands favoris de l'épreuve. S'aligner sur les ambitions de Karim Ziani Le rôle de Mohamed Raouraoua doit être déterminant cette fois aussi, comme il l'avait été après son retour à la tête de la FAF. Hamid Haddadj et Rabah Saâdane ne voulaient pas trop s'aligner sur les ambitions de Karim Ziani qui clamait en solo que son but était d'aller en Coupe du monde. A bien remettre les choses dans leur contexte, on comprend aisément la prudence de Haddadj et Saâdane, bien que l'EN ait éliminé, auparavant, la grande équipe du Sénégal, quart de finaliste au Mondial de 2006 ! En Angola donc, il suffira de s'aligner sur les ambitions de Ziani pour aller loin. Lui au moins, il ne doute jamais de rien, comme il nous l'a prouvé contre le Rwanda en décidant de tirer rageusement un penalty décisif dans les toutes dernières secondes. Admirez le culot messieurs, dames ! Raouraoua doit rester la locomotive de l'EN ! Mais dans cette histoire de bravoure collective, nul n'a le droit de minimiser l'audace de Raouraoua qui a servi de véritable locomotive pour cette EN. Doit-on rappeler qu'il avait pratiquement «obligé» Saâdane à ne plus se contenter de la CAN et de viser carrément le Mondial ? L'élan insufflé par le président de la FAF, dès son retour aux commandes de cette instance, a été des plus importants. Il se doit maintenir aujourd'hui le cap sur l'excellence en Angola. Saâdane, qui n'attendait alors qu'un signe du destin, s'était libéré au point de se focaliser totalement sur l'Afrique du Sud. C'était là le vrai tournant de cette belle aventure, ponctuée vaillamment par le mémorable 3 à 1 contre l'Egypte à Blida. Il exige de Saâdane les demi-finales au minimum ! C'est cette dynamique positive que veut maintenir Raouraoua en Angola, après avoir exigé de Saâdane de viser au moins les demi-finales de la CAN. D'aucuns parmi les éternels sceptiques vont commencer à «sucer du citron», comme on dit chez nous, en pensant qu'à peine l'EN est de retour à la CAN qu'on veuille exiger de lui le trophée et qu'il vaudrait mieux attendre d'autres participations pour revoir nos prétentions à la hausse. Mais ceux qui croyaient, comme nous d'ailleurs, à cette équipe depuis le début vont balayer ces doutes du revers de la main. Car une équipe qui a pu éliminer le Sénégal et l'Egypte de son chemin ne peut pas se contenter de jouer les seconds rôles. L'Algérie possède un groupe assez mûr qui lui permet d'espérer jouer le titre sans complexe. Car on ne se qualifie pas par hasard au Mondial. Surtout quand on est en concurrence avec l'Egypte. Être parmi le top 4 africain est légitime pour un Mondialiste En effet, le statut de Mondialiste arraché haut la main devant une équipe qui détenait le titre de champion d'Afrique sur deux éditions successives ne peut que booster Saâdane et ses joueurs qui ont pris conscience définitivement de leurs capacités, après le match héroïque de Khartoum. L'équipe s'est complètement décomplexée aujourd'hui, notamment après avoir maté l'Egypte en terrain neutre, mais aussi au Caire où l'on a vu les occasions de but foisonner, malheureusement sans succès. C'est dire qu'atteindre au minimum les demi-finales est légitime pour les ambitieux. Car se retrouver dans le dernier carré du top four africain signifiera que l'équipe n'a rien perdu de sa furia ni de son football. Les demi-finales assureront six matchs dans les jambes avant le Mondial ! Et quoi de mieux qu'une honorable participation à la CAN pour préparer l'équipe au Mondial 2010? Le fait d'atteindre les demi-finales servira à préparer l'équipe au mieux, avant d'aller en Afrique du Sud. Car mis à part le match amical du 3 mars, le calendrier n'offrira aucune autre date FIFA pour les équipes avant le Mondial. C'est dire que plus on avance dans l'épreuve, plus on aura de matchs dans les jambes. Ainsi, en cas de qualification aux demi- finales, l'Algérie s'assurera de jouer six matchs entiers, avant le 3 mars. C'est cela qui permettra à Saâdane et ses joueurs de gagner en cohésion et en automatisme, dont l'importance reste déterminante pour une bonne représentativité au mois de juin prochain. Prendre conscience de notre valeur réelle Lorsqu'on a battu une équipe comme l'Egypte, plus aucun adversaire ne nous fera peur. Surtout après les avoir battus dans les conditions que tout le monde connaît. Les Verts doivent, aujourd'hui, prendre conscience de cette dynamique qu'ils ont su créer au sein du peuple. Ils doivent surtout être sûrs de leur valeur et de ce qu'ils sont capables de réaliser, tant en CAN qu'en Coupe du monde. Car le niveau sera très relevé dans les deux épreuves, à mesure qu'on avancera. Jouer pour l'honneur du football algérien Ce sera aussi l'une de ces deux équipes africaines, la Côte d'Ivoire ou le Ghana, qui croisera la route des coéquipiers de Meghni, s'ils parviennent à se qualifier en quarts de finale l'été prochain, au Mondial. La CAN doit donc être prise très au sérieux pour toutes ces raisons, mais aussi pour que l'honneur du football algérien soit totalement retrouvé sur la scène mondiale. Ce qui fera taire tous les médiocres qui continuent toujours à douter du grand retour des Algériens. Nacym Djender